Promenades vaudoises avec Michel Campiche

Au premier abord, le dernier ouvrage de Michel Campiche¹ peut dérouter par la multiplicité des thèmes abordés au cours de chapitres de taille inégale, qui promènent le lecteur à travers des considérations politiques, historiques, polémiques, poétiques, nostalgiques – dont on comprend pourtant assez rapidement l’unité: c’est l’amour du Pays de Vaud qui a guidé la plume de l’auteur. Au passage, disons que cette plume est celle d’un écrivain de grand style classique, un peu distant, mais qui sait filtrer les émotions pour les mieux transmettre. Jamais un adjectif ou un adverbe superflu ne vient encombrer la fluidité du discours.

Né en 1922, Michel Campiche est d’abord un historien. Le dernier chapitre de ce petit volume, «Campagne», fixe les souvenirs d’une enfance passée dans une civilisation irrémédiablement disparue: «Il y avait les engins millénaires, ceux qu’on voit sur les poteries des Grecs et les mosaïques des Romains […].» C’est le monde des photos de Gustave Roud, un monde qu’on croit pouvoir encore toucher, tant il est proche, et qui a été submergé par la modernité. Le regard de l’historien se porte sur sa propre généalogie: «quand naquit mon grand-père, en 1859, à Sainte-Croix, les habitants âgés de soixante et un ans et plus étaient nés sujets de Berne.» Remontons plus loin encore: un court chapitre (huit pages!) expose l’histoire de notre Pays du haut Moyen-Age jusqu’à la conquête bernoise. On n’a rien lu d’aussi vivant dans la concision sur ce sujet: c’est que l’auteur est un remarquable pédagogue, ancien maître d’histoire au gymnase de la cité. Le premier chapitre de ce cahier raconte avec finesse les sentiments d’un enseignant qui fait sa dernière classe avant la retraite, avec moins de pathos que Daudet sur un sujet voisin.

Ce mince volume fourmille de notations subtiles, fruits d’une sagesse décantée par l’expérience et l’érudition.

NOTES:

1) Campiche Michel, Autour de mon clocher, CRV 148, 102 p.