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Initiative en faveur du service public: personne n’en veut, nous non plus

Pierre-Gabriel Bieri
La Nation n° 2043 29 avril 2016

Parmi les sujets des votations fédérales du 5 juin prochain figure une initiative «en faveur du service public» qui n’est soutenue par personne, ou presque! Tous les partis politiques sont contre, tous les parlementaires fédéraux ont voté contre. Même la Fédération romande des consommateurs ne la défend pas. Et pourtant, les sondages semblent indiquer que cette initiative bénéficie à l’heure actuelle d’un assez grand soutien populaire, probablement à cause de son titre sympa  mais cela souligne aussi le fossé abyssal qui sépare actuellement le monde politique du reste des citoyens.

L’initiative en question a été lancée pour surfer sur le mécontentement d’une partie de la population face à la fermeture de certains bureaux de poste, face à l’augmentation des tarifs des transports publics, ou face aux révélations liées aux salaires de certains directeurs d’entreprises issues des anciennes régies fédérales.

Le texte de l’initiative demande que la fourniture des prestations de base par la Confédération ou par les entreprises qu’elle contrôle «ne vise pas de but lucratif», qu’elle ne donne lieu à aucun subventionnement croisé des différentes prestations, et que les salaires versés dans ces entreprises ne soient jamais supérieurs à ceux versés dans l’administration fédérale. En caricaturant à peine, on peut dire que l’initiative demande que les services qui ont été privatisés dans les années 1990 et 2000 redeviennent quasiment des administrations.

Il est permis de critiquer la privatisation des anciennes régies publiques: à l’époque, on a agi le plus souvent sous la pression de la mode et de ses théories, parfois par appât du gain, rarement par intelligence et souci de l’intérêt commun. Néanmoins cela s’est fait et les choses se sont maintenant mises en place. Les prestations de base auxquelles l’initiative fait référence ont suivi l’évolution du temps; elles ne sont pas moins bonnes aujourd’hui qu’auparavant, au contraire. Elles ne sont pas plus chères, au contraire. En comparaison internationale, elles sont même parmi les meilleures. En plus cela rapporte de l’argent aux caisses fédérales.

Il serait dès lors absurde et stupide de faire machine arrière dans un accès d’étatisme antilibéral aussi primaire qu’a pu l’être l’ultralibéralisme dérégulateur. Sans état d’âme, nous joindrons notre voix à celle de toute la classe politique et voterons NON à l’initiative improprement intitulée «en faveur du service public».

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