Allegra

En 2016, la section vaudoise de la Société étudiante de Zofingue a décerné le Prix Rambert de littérature suisse francophone, comme elle le fait traditionnellement tous les trois ans depuis 1903. Lors de cette édition, les Zofingiens ont récompensé le roman Allegra du romancier genevois Philippe Rahmy. Ce mois de janvier, cet auteur a aussi été récompensé par le Prix suisse de littérature de l’Office fédéral de la culture pour la même œuvre.

Allegra est un roman à la première personne. Le narrateur raconte sa vie. Il est un brillant financier, mathématicien et informaticien. Dès la fin de ses études, il est engagé par une banque islamique à Londres. Il gagne bien sa vie, épouse une belle femme, vit dans un bel appartement donnant sur le zoo. Cependant, son bonheur n’est que superficiel.

Abel, le nom du narrateur, est d’origine algérienne. Il a grandi en France, à Arles. Son père dirigeait les abattoirs d’Etat. Doué à l’école, il a pu faire de bonnes études, ce qui lui a ensuite permis une ascension sociale fulgurante.

Inévitablement, le burnout survient. Abel tombe dans l’alcoolisme, tendance qu’il connaissait déjà auparavant. Il connaît alors la déchéance sociale et perd tout; sa femme le quitte.

Philippe Rahmy parvient brillamment à montrer les limites d’un monde financier où la rentabilité est reine. Abel, avec le passé qu’il transporte, ses joies et ses malheurs, finit par remettre en question une vie édifiée uniquement sur le gain et le prestige social. Vient le temps où cette conception matérialiste de la vie n’est plus apte à éluder son mal-être identitaire jamais résolu. Intervient alors la thématique de l’islamisme radical. Abel va-t-il-chercher ici la solution à ses problèmes?

Allegra est d’une écriture limpide, sans fioritures. L’auteur garde savamment le lecteur en haleine, livrant par bribes les détails de la vie d’Abel. Vous ne comprendrez l’histoire qu’en lisant le roman d’un bout à l’autre.

Référence:

Philippe Rahmy, Allegra, Paris, La Table ronde, 2016.