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Le travail, c'est fini, les impôts aussi

Le Coin du Ronchon
La Nation n° 2093 30 mars 2018

Si vous voulez avoir l’air d’un homme (ou d’une femme) moderne, engagez la conversation sur le thème des robots qui révolutionnent le monde en remplaçant les êtres humains. Nous l’avons déjà fait ici même il y a un peu plus d’une année (le thème était déjà moderne) en expliquant comment le métier de journaliste pourrait être robotisé. La situation ne cesse d’évoluer et on a vu récemment, aux Etats-Unis, que des robots étaient désormais capables de conduire des voitures et d’écraser des cyclistes sans aucune intervention humaine.

La question qui se pose maintenant est la suivante: comment les êtres humains, qui ne travailleront bientôt plus et qui passeront leur vie à se balancer dans des hamacs accrochés à des cocotiers (à moins que les cocotiers ne soient remplacés par des robots, ou même qu’un robot prenne la place de l’être humain dans le hamac), comment les êtres humains, donc, vont-ils pouvoir continuer à gagner de l’argent pour se nourrir? A supposer bien sûr qu’ils doivent continuer à se nourrir, car des robots pourraient aussi le faire à leur place.

La solution qui s’impose aujourd’hui dans les conversations est qu’il faut taxer les robots.

Une chose est sûre: l’idée de prélever une taxe dès qu’un problème se présente est un réflexe éminemment humain. On peut d’ailleurs douter que le métier de percepteur puisse un jour être remplacé par des robots, car les humains qui exercent cette fonction y trouvent visiblement trop de satisfaction pour l’abandonner à des machines.

Du point de vue du contribuable, en revanche, l’affaire est séduisante. Privés de revenu, nous serons donc libérés de l’impôt y afférent, tandis que les robots, eux, paieront plein pot. Avoir un robot qui passe l’aspirateur à notre place, c’est cool; mais avoir un robot qui paie des impôts à notre place, c’est encore mieux!

Accessoirement, les percepteurs eux-mêmes disposeront de robots capables de payer leurs propres impôts et de se disputer simultanément avec les robots-enquêteurs qui y chercheront quelque irrégularité. Les résultats de ces enquêtes seront ensuite lus par des robots-lecteurs qui, sans rien y comprendre, se chargeront de vitupérer médiocrement les uns et les autres, en fonction de leurs affinités et de leurs convictions. Tout ce petit monde robotisé s’entre-déchirera en reproduisant les bassesses du genre humain, et nous, pendant ce temps, nous aurons la paix.

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