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Le coût écologique des technologies «vertes»

Jean-François Pasche
La Nation n° 2097 25 mai 2018

Aujourd’hui l’écologie a le vent en poupe, car, dit-on, la Terre va mal. Les océans se remplissent de plastique. La pêche excessive menace de vider les mers de ses habitants d’ici quelques dizaines d’années. L’augmentation du CO2 dans l’atmosphère menace de transformer notre planète en véritable fournaise. Les glaces éternelles des pôles fondent. De nombreuses espèces animales sont en voie d’extinction. Et aussi, des centaines de centrales nucléaires menacent le monde de catastrophes. Le ton est peut-être ici désinvolte, mais reconnaissons que nous faisons face à des problématiques environnementales qui méritent l’attention. En 2011, l’accident de Fukushima a provoqué de graves dommages  au Japon.

Chez nous, les politiciens nous disent qu’ils pensent à l’avenir. Ils promeuvent l’écologie et les énergies vertes. Doris Leuthard s’est fait une gloire en poussant la «stratégie énergétique 2050» qui promet une Suisse sans exploitation de l’atome sur son sol d’ici la fin de la durée de vie des centrales actuelles, et fer de lance dans le domaine des green tech. L’enjeu est aussi de faire baisser drastiquement la consommation électrique des Suisses grâce aux nouvelles technologies plus économes. Le peuple semble majoritairement acquis à la cause, preuve en est l’acceptation par 58% des voix de la nouvelle loi sur l’énergie (LEne) en mai 2017. Comment peut-on être raisonnablement opposé au bien de notre planète? On ne le peut pas. Mais voyons maintenant quels sont les moyens mis en œuvre dans notre pays afin d’apporter notre part à l’enrayement mondial du réchauffement climatique.

Premièrement, les personnes conscientes du problème ont peut-être déjà choisi de s’équiper d’une voiture hybride, dont le moteur électrique limite l’émission de gaz à effet de serre. Peut-être même ont-elles abandonné leur véhicule privé au profit des transports publics. Les plus aisées ont acheté une Tesla, entièrement propulsée par le flux des électrons. En outre, elles ont remplacé leur chauffage central au mazout par une pompe à chaleur et couvert le toit de leur villa de panneaux solaires.

Au niveau politique, tout a été mis en œuvre pour forcer l’utilisation d’ampoules électriques à basse consommation, les fameuses LED. On veut revoir à la hausse les taxes sur l’essence. Des subventions sont proposées pour l’énergie solaire. En outre, de très fortes pressions sont exercées par des lobbys afin d’installer des éoliennes partout où le vent souffle suffisamment, quitte à endommager les paysages.

Or, si l’on s’intéresse de plus près à ces quelques exemples, on se rend compte que ces technologies dites vertes ont un coût écologique probablement bien plus important que celui imaginé jusqu’alors. Dans le cas des voitures électriques, elles nécessitent de grosses batteries pour avoir suffisamment d’autonomie. Ces dernières contiennent notamment du lithium, une matière première dont la demande est conséquemment en forte augmentation. Il s’avère que l’extraction du lithium est très demandeuse en eau et provoque la destruction d’importantes surface de terres. Par ailleurs, des pollutions chimiques dues à l’activité minière sont à déplorer.

Par rapport aux éoliennes, il en faut une très grande quantité pour produire suffisamment d’électricité. Pour citer quelques chiffres, la centrale nucléaire de Leibstadt, la plus puissante du pays, délivre plus de 1200 mégawatts. Toujours en Suisse, la quarantaine d’éoliennes actuellement installées produisent en moyenne un peu plus de 2 mégawatts par unité. Pour remplacer une centrale nucléaire, il en faudrait environ 600. Ce chiffre donne le vertige, quand on sait que d’en installer quelques dizaines constitue déjà un problème. Quant aux panneaux à cellules photovoltaïques, ils sont eux aussi principalement composés de lithium. En outre, on considère qu’avec des conditions idéales d’ensoleillement, il en faut 8m2 pour produire 1 kilowatt d’électricité, donc 960 km2 pour égaler la puissance d’une centrale nucléaire. Cela représente tout de même environ le tiers de la superficie du canton de Vaud.

Ces estimations sont rapides et ne prennent pas en compte de nombreux facteurs, à commencer par le soleil pas toujours à son zénith et le vent, parfois absent, d’autres fois trop fort. Mais ces chiffres montrent que, dans tous les cas, il faudrait beaucoup de panneaux solaires et d’éoliennes pour subvenir à nos besoins en électricité, qui risquent d’aller croissant, vu entre autre, l’engouement pour les voitures électriques.

Enfin les LED, qui remplacent les ampoules à incandescence, sont bel et bien plus efficientes que ces dernières. Toutefois, ces composants électroniques sont eux aussi fabriqués à partir de matériaux dont l’extraction est problématique. Il s’agit des terres rares. Dans la nature, elles se trouvent en densité très faible. Pour les extraire, il est d’abord nécessaire de prélever de gigantesques quantités de terrain. Ensuite, des procédés chimiques très polluants permettent d’isoler les matériaux recherchés. A l’heure actuelle, la Chine est presque l’unique productrice de ces terres rares, qui sont indispensables à la plupart des technologies, y compris les éoliennes et les cellules photovoltaïques.

En résumé, si chez nous nous réduisons les émission de gaz à effet de serre et remplaçons l’énergie nucléaire grâce à des technologies sensément écologiques, il ne faudrait pas occulter la problématique des matières premières dont l’exploitation minière est très polluante. A cela s’ajoute le problème du recyclage. Qu’allons-nous faire des batteries usagées? Qu’allons-nous faire des centaines de mètres carrés de panneaux solaires et des centaines d’éoliennes arrivées en fin de vie? Quant aux ampoules LED, bourrées d’électronique, une fois usagées, elles polluent manifestement plus qu’un filament tendu dans une ampoule en verre sous vide.

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