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CPEV: surtout pas de vagues!

Jean-François Cavin
La Nation n° 2100 6 juillet 2018

Pendant longtemps, les caisses de pensions publiques n’ont pas accumulé les réserves nécessaires au paiement des rentes promises. Confiants dans la pérennité de l’État et dans la stabilité – ou la croissance – de l’effectif des fonctionnaires, les politiciens comptaient sur les cotisations des actifs pour financer en bonne partie les prestations versées aux retraités. Ils ont même profité de cette inaltérable sécurité (pensaient-ils) pour offrir des conditions très généreuses, notamment un âge de la retraite plus précoce que celui de l’AVS.

Depuis une vingtaine d’années, on s’aperçoit que le tableau n’est pas aussi rose qu’on pensait. Car il peut advenir que l’État – qui ne s’effondre certes pas – se sépare de certaines activités. Sur le plan fédéral, les CFF et Swisscom ont gagné leur autonomie, et dû veiller eux-mêmes à la prévoyance de leur personnel. La sous-capitalisation antérieure a obligé la Confédération, par exemple, à verser des milliards à la caisse des cheminots pour que le plan d’assurance soit financé. On peut imaginer des situations analogues sur le plan cantonal, par exemple si les Hospices cantonaux se voyaient conférer une autonomie institutionnelle et la charge entière de leur personnel. Quelques optimistes se représentent même l’hypothèse d’une cure d’amaigrissement du corps des fonctionnaires.

Pour anticiper de telles éventualités, le législateur fédéral a serré la vis aux caisses de pensions publiques qui doivent, à terme, constituer des réserves montant à 80% de leurs engagements (c’est ce qu’on appelle le taux de couverture).

Où la Caisse de pensions de l’État de Vaud (CPEV) en est-elle? Son Conseil d’administration a fait savoir à fin juin (après validation de sa politique par l’Autorité de surveillance  LPP de Suisse romande) que les bons résultats de 2017 permettaient de ne rien changer pour l’instant à ses conditions d’assurance, notamment à l’âge de la retraite fixé à 62 ans dans le cas normal. Rappelons que la CPEV partait d’un taux de couverture de 60% environ et que l’État de Vaud a dû la recapitaliser à hauteur de 1,44 milliard de francs (merci les contribuables!) pour commencer à rééquilibrer l’institution. Cela fait, le taux de couverture a oscillé entre 72% et 75% dans la période 2013-2016 (73,2% à fin 2016). Les bons résultats de 2017 (merci la Bourse!…mais que fera-t-elle en 2018?) invitent donc les responsables à repousser à… 2022 toute nouvelle mesure d’assainissement, le but étant de garantir un taux de couverture de 80%… en 2052! Le Conseil d’État a caponné devant les syndicats hostiles à un relèvement de l’âge de la retraite, pourtant manifestement nécessaire et justifié. Cette passivité est-elle l’expression actuarielle, en tout immobilisme, du compromis «dynamique»?

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