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Splendeur baroque

Jean-François Cavin
La Nation n° 2106 28 septembre 2018

Depuis quelques années, je n’avais pas franchi le seuil de l’église des Jésuites de Lucerne, dédiée à saint François-Xavier, car elle était en réfection au milieu de notre décennie. La voici de nouveau accessible, débarrassée des échafaudages, rafraîchie, comme neuve.

Elle est, à mon goût, la plus belle des grandes églises baroques de Suisse. De plus petits sanctuaires, bien entendu, offrent des merveilles, surtout en Suisse centrale et dans le Haut-Valais. Mais, dans la catégorie des vastes monuments, elle se distingue par la justesse de ses proportions et l’harmonie de son décor.

Ce n’est pas, comme certaines églises anciennes remodelées aux XVIe-XVIIe siècles, une architecture de style antérieur sur laquelle on a plaqué  des stucs baroques. Elle a été, en remplacement d’un édifice beaucoup plus petit, entièrement conçue et construite, entre 1666 et 1677, dans l’esprit et selon les techniques du style de cette époque.

Le vaisseau est spacieux. Il n’y a pas de bas-côtés et les chapelles latérales évitent toute surenchère. La lumière abonde.  Les moulures restent sobres. Les peintures, ignorant toute couleur appuyée ou bonbon, se tiennent dans un nuancier de teintes légères – jaune et rose pâles, beige, gris, brun, une touche de bleu. Aucune surcharge exubérante, si bien que le regard se porte naturellement vers le beau maître-autel ocre et or, monumental certes, mais sans emphase. A l’extérieur aussi, tout est mesure et grâce.

Il vaut la peine de prendre le train de Lucerne rien que pour admirer ce chef-d’œuvre. Et si on assiste en prime, le soir venu, à un concert des Wiener Philharmoniker, on se dit que la Cinquième de Bruckner relève aussi, à sa manière, du grand art baroque.

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