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La différenciation

Emérentienne Pasche
La Nation n° 2107 12 octobre 2018

Ce mot est bien connu des enseignants et de leurs stagiaires. Dès la première année d’étude, il est demandé aux étudiants d’être particulièrement attentifs à cette approche. Mais qu’implique-t-elle? Comment transparaît-elle dans l’enseignement?

La différenciation est l’adaptation d’un programme scolaire aux difficultés ou facilités d’un élève, en instaurant un climat d’apprentissage favorable à l’acquisition de nouvelles connaissances. Premièrement, l’enseignant peut agir sur les contenus et les processus d’apprentissage. Il réfléchit alors au chemin le plus adéquat à emprunter pour atteindre l’objectif fixé. Il est aussi à même de varier l’environnement affectif ou physique de l’élève. Ce dernier a la possibilité de travailler seul, en groupe ou avec l’aide d’un adulte, suivant ses besoins. La présence ou non d’instruments spécifiques pour illustrer le problème à résoudre peut améliorer un apprentissage.

Ce qui peut surprendre, c’est que la différenciation concerne aussi les résultats. Pour bien comprendre cela, il faut se plonger dans la logique selon laquelle la théorie a été élaborée. En effet, l’accent est mis sur la progression de l’élève et non sur l’objectif. Tous les élèves n’ont en effet pas les mêmes connaissances avant le nouvel apprentissage. Il est important de les prendre en compte, ce qui nous intéresse étant le chemin que l’élève a parcouru entre A et B et non que B soit atteint. On met alors en avant le processus d’apprentissage. Cela se discute. L’enseignant doit-il seulement accompagner l’enfant sur un chemin plus ou moins long ou l’aider à atteindre un but fixé préalablement?

Du point de vue de l’enseignant, la différenciation demande une grande connaissance de chaque élève et de son fonctionnement. Il travaille avec l’enfant afin de trouver la manière la plus efficace pour qu’il assimile un contenu. Pour cela, les  méthodes ne manquent pas, encore faut-il choisir la bonne. Il faudra, dans un premier temps, expérimenter, voir ce qui fonctionne ou ne fonctionne pas, comprendre pourquoi l’élève réagit de telle ou telle manière et ainsi dresser une sorte de portrait psychologique qui aidera le pédagogue à trouver des solutions aux diverses difficultés qu’il rencontrera avec lui. Le suivi des enfants sur le moyen terme semble nécessaire.

L’expérience dans le métier donne des clés. Grâce à ses années de métier, l’enseignant saura de plus en plus rapidement choisir une méthode adéquate pour une situation déterminée. La qualité de la différenciation dépendra aussi de l’effectif de la classe. Moins il y a d’élèves par classe, plus l’enseignant pourra s’intéresser et donner du temps à chacun d’eux. Le travail d’observation, de réflexion et d’action est très intéressant, passionnant même pour l’enseignant. Il travaille directement sur le développement des enfants. Il s’intéresse à ce qui se passe dans chaque petite tête qu’il a devant lui, découvre chaque jour un peu plus la complexité du fonctionnement de ses protégés. Mais la mise en place de cette approche demande une grande implication en temps et en énergie.

Le défi de l’enseignant ne se trouve pas seulement dans la réussite de chaque individu, car c’est aussi une classe qu’il doit accompagner. Or la différenciation est présentée sous un œil très individuel. La classe, en tant que microsociété, ne devrait-elle pas préparer les enfants au jour où ils doivent trouver leur place dans la société? De cette question, plusieurs autres émergent. Est-il possible de mêler différenciation et développement social de l’enfant, ici dans la classe? Idéalement, la différenciation devrait se modeler à partir du cadre qu’offre la classe et ainsi montrer à l’enfant que, bien qu’il soit différent, certaines choses sont les mêmes pour tous. Qu’est-ce qui doit être commun à chaque membre de la classe? Est-ce que le but commun recherché lors d’une activité fait partie de ce cadre? Est-il donc légitime de différencier en agissant sur le résultat? Probablement qu’il faut, avant de pouvoir répondre à ces interrogations, se mettre d’accord sur le rôle de la classe et sur celui de l’enseignant.

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