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Médias complaisants

Jean-François Cavin
La Nation n° 2117 1er mars 2019

Les EMS au bord de l’abîme? A mi-février, un sondage du syndicat Unia faisait l’ouverture du Téléjournal, ainsi que la «une» de 24 heures qui titrait: «Un soignant en EMS sur deux songerait à démissionner». Bigre! Une désertion massive menace donc ces établissements! Que vont devenir nos anciens, si dépendants du personnel qui s’en occupe patiemment?

En page intérieure, le titre change: «47% des soignants en EMS pensent à quitter leur métier». C’est presque pareil, mais pas tout à fait. La démission a quelque chose d’une rupture prochaine. Penser à quitter son métier, c’est moins dramatique; c’est peut-être même normal à une époque où l’on nous serine que nul ne fera sa carrière là où il l’a commencée. Alors, crise ou normalité?

Poursuivons la lecture. On découvre que le syndicat Unia n’a pas confié le sondage à un institut spécialisé œuvrant dans les règles de l’art, mais a opéré lui-même. Il a interrogé 1194 soignants d’EMS, alors que la Suisse compte 131’300 employés au total dans cette branche d’activité. 47% de ce petit échantillonnage, à cause de la charge de travail ou de problèmes de santé, «ne pense pas rester jusqu’à la retraite dans ce secteur». Pas jusqu’à la retraite... voilà qui dédramatise singulièrement la nouvelle!

Il ne serait pas étonnant qu’Unia se soit borné à questionner ses propres membres. Dans le Canton de Vaud, le personnel des EMS et des soins à domicile est au bénéfice d’une convention collective de travail signée par plusieurs associations du personnel, mais pas par Unia. Peut-être ce syndicat veut-il se faire une place dans le secteur en montant en épingle les résultats d’un sondage fait à la mode «maison»?

Le travail dans les EMS et dans les soins à domicile n’est pas facile et nous ne sous-estimons nullement l’importance des problèmes qu’on y rencontre, d’autant que les méthodes, à des fins de rationalisation, ont évolué vers une sorte d’industrialisation des soins, catalogués et minutés, où le stress tend à remplacer l’empathie. Les responsables des soins à domicile du Canton s’en avisent, après des protestations du personnel, et cherchent à y remédier.

Ce qui nous semble discutable, c’est la légèreté avec laquelle certains médias d’importance ont donné un puissant écho à un «coup de comm’» d’Unia et emboîté le pas à ce syndicat combatif, mais peu représentatif.

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