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Vallée de Joux

Jean-Michel Henny
La Nation n° 2124 7 juin 2019

Le Pont, Les Charbonnières, Le Lieu, Le Solliat, Le Chenit, Le Sentier, L’Orient, Les Bioux, L’Abbaye, et d’autres peut-être encore. On est au royaume des déterminants. Pourquoi toujours ce «Le»? Cette particularité est la conséquence de l’arrivée tardive, au XIIe siècle, des défricheurs de cette vallée alors couverte de forêts (joux). A cette époque, la langue latine, qui ignore le déterminant, n’était plus utilisée. Mais c’est elle qui a forgé les toponymes des autres régions du Canton.

C’est ce que nous apprend le «Détour magazine pour découvrir la Suisse hors des sentiers battus» intitulé «Vallée de Joux 100 % authentique» paru en mai 2019 comme supplément du journal «Terre & Nature».

L’horlogerie et la mécanique fine y ont installé leurs sites de production et d’innovation. Les marques les plus prestigieuses ont élu domicile dans cette vallée et y construisent des bâtiments conçus par des architectes de renom. Chaque matin des nuées de frontaliers y débarquent des Rousses ou de Mouthe en voiture, ou même de Pontarlier en train, par Vallorbe.

Un «récit graphique» de Marcel G. basé sur des archives patiemment rassemblées par Rémy Rochat nous dévoile l’histoire étonnante de cette voie ferroviaire. Elle doit son existence à la glace du lac Brenet. Chaque hiver, de janvier à mars, elle est sciée en blocs d’un mètre sur trois, de 400 kg, et stockée dans une halle dont les parois sont isolées par de la sciure qui vient de Fribourg. Quand arrive la belle saison, soit lorsque les Parisiens aisés veulent des glaçons dans leurs verres ou pour l’industrie agroalimentaire, on sort les blocs, on les transporte sur des chars tirés par des chevaux et on les charge sur le train à Croy, près de Romainmôtier. Mais les routes sont mauvaises et il faut passer par Vaulion, soit 20 kilomètres d’un trajet qui prend du temps, gaspille de la glace et coûte à l’entreprise. La société des glacières négocie alors la création d’une ligne ferroviaire entre Le Pont et Vallorbe; elle la finance même en grande partie. La glace, ça rapporte!

Construite en deux ans par des ouvriers venus spécialement d’Italie, elle est inaugurée en 1886. Cela permet de décupler les livraisons.

Cette ligne a un effet secondaire bienvenu car elle permet de transporter aisément et en toute sécurité des touristes venus de plus en plus nombreux pour découvrir la Suisse et ses mystères. Des hôtels et pensions se construisent.

Mais certains hivers trop doux (déjà!), comme en 1900 et 1912, ne permettent aucune extraction et grèvent les finances de l’exploitant. Finalement, le froid artificiel et les frigos rendent cette activité obsolète; elle cesse en 1942. Il n’en reste plus aujourd’hui qu’un petit panneau rouillé près du lac Brenet.

Des luthiers spécialisés sélectionnent soigneusement les épicéas centenaires du Risoud pour en faire des produits d’exception (guitares, hauts-parleurs et soundboards) qui se vendent dans le monde entier.

Le lac de Joux est un joyau bordé de plages, roselières, ou falaises abruptes et auquel le soleil couchant donne des couleurs qu’on ne trouve qu’ici. Un bleu intense qui rougeoie, encadré de verdure. Les «lémaniques» sont toujours subjugués.

Le Pont n’est pas Zermatt mais il a sa Dent de Vaulion qu’on reconnaît de loin.

Il faut lire et parcourir les photos de ce Détour pour découvrir aussi la vie culturelle, riche et variée, les métiers de la terre et du lac, les trésors gastronomiques et délices du terroir, et bien d’autres choses encore.

Et puis il y a l’hiver, le patin sur le lac et le ski de fond, et même du ski alpin.

Allons-y!

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