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Trop de fonctionnaires

Jean-François Pasche
La Nation n° 2131 13 septembre 2019

Nous lisions dans Le Matin Dimanche du 30 juin1, qui relayait une étude d’EconomieSuisse, que l’administration fédérale ne cesse de grandir. Elle aurait connu une croissance de 6% entre 2011 et 2016, alors que le secteur privé n’a offert que 1,3% d’emplois supplémentaires en équivalents plein-temps dans la même période. Cette tendance serait propre à la Suisse. Ici, le problème est jugé d’un point de vue économique: ce serait surtout une question de manque d’efficacité de nos fonctionnaires. De plus, leurs salaires sont jugés trop élevés. Ces facteurs seraient propres à déséquilibrer de manière générale le marché suisse du travail. On peut contester cette étude, principalement à cause de l’opacité de l’Etat fédéral sur le nombre réel de ses salariés et des liens public-privé. Mais que faire pour «freiner l’expansion de la bureaucratie»?

Tous ces fonctionnaires, dont on ne connaît pas vraiment le nombre, doivent bien s’occuper et, s’ils n’ont rien de directement utile à faire, ils sont certainement en train de rédiger de nouveaux projets de lois fédérales. On pourrait croire que l’on fera ainsi des économies de personnel à l’échelon cantonal. Cela fait partie de l’idée très répandue, mais tout à fait erronée, que si on centralise, cela règle tous les problèmes, car la même solution est appliquée partout. Dans les faits, une loi centralisatrice contraint toujours les cantons à revoir leurs législations propres, pourtant plus adaptées aux réalités régionales. Ils se voient forcés à légiférer ou réglementer en tout. Les coutumes et habitudes sont bouleversées. De nouveaux problèmes se créent, qui ne manquent pas d’exiger plus de fonctionnaires pour les traiter. Pour ne rien arranger, la Confédération, dans son zèle perfectionniste, a tendance à réviser régulièrement ses lois, comme par exemple la LAT. A peine de nouvelles habitudes ont-elles eu le temps de s’installer que tout est chamboulé. Les cantons n’ont qu’à se remettre au travail et trouver le personnel nécessaire. Chaque centralisation provoque ainsi inévitablement un grossissement de l’administration à tous les échelons. EconomieSuisse s’opposera-t-elle dès lors à toute nouvelle tentative dans ce sens? Elle montrera de cette manière qu’elle a vraiment à cœur l’équilibre de l’emploi en Suisse.

Notes

1  Lucie Monnat, «L’administration publique suisse grossit à vue d’œil», Le Matin Dimanche, 30 juin 2019.

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