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Fragiles fourgons

Lionel Hort
La Nation n° 2138 20 décembre 2019

Pour la sixième fois en deux ans, un fourgon blindé transporteur de fonds a été attaqué en Pays de Vaud.

Les auteurs, bien connus, sont des brigands de la banlieue lyonnaise. Ils sont organisés et lourdement équipés. Plusieurs facteurs facilitent leurs raids. Au premier chef de ceux-ci figurent les faibles effectifs de douaniers déployés aux frontières en raison de notre participation à l’espace Schengen. Sans compter qu’entre l’Auberson et Saint-Cergue, le Jura vaudois fourmille de routes transfrontalières. La législation fédérale sur le bruit, limitant les nuisances sonores nocturnes, est l’autre grand responsable. Bien que la présidente de la Confédération refuse de l’admettre, renvoyant les cantons à leurs compétences. La législation routière interdit à des fourgons dotés d’un fort blindage de rouler entre 22h et 5h du matin, ne laissant que ceux de moins de 3,5 tonnes circuler sur nos routes à ces heures-ci. On remarquera tout de même que la dernière attaque, contre un fourgon de La Poste, s’est déroulée hors de cette période, un peu avant 20h.

Les autorités fédérales ne réagissant pas, le Conseil d’État a présenté une série de mesures «urgentes et immédiates» le 11 décembre dernier par le biais d’un arrêté1. Les transports n’auront désormais lieu que de jour (de 5h à 22h), via des fourgons dotés d’un meilleur blindage (plus de 3.5 tonnes), d’un dispositif de destruction des billets en cas d’effraction, ou encore d’une escorte policière aléatoire. Le personnel du convoi devra être d’au minimum deux personnes, et les sommes transportées égales ou inférieures à dix millions de francs. Sur le long terme, on pourrait aussi imaginer un déploiement de drones de repérage. Cette réaction cantonale doit être saluée.

Ainsi, entre des considérations d’assurance vis-à-vis des sociétés de transports de fonds ou de La Poste et la limitation maximale du montant autorisé lors des convois, les transports de fonds vont être réduits ces prochaines semaines. Avec pour conséquence la sous-alimentation de certains bancomats, et ce en période de forte consommation, avec les fêtes de Noël et de fin d’année.

Ce fâcheux concours de circonstances aura eu le mérite de nous rappeler la fragilité de notre système économique. Ces attaques, que certains considéreront comme triviales ou de peu d’importance, parce qu’éparses, auront tout de même réussi à forcer la modification des habitudes de paiement de nombreux citoyens vaudois, et à amener de l’eau au moulin des partisans d’un très orwellien monde cashless, sans argent liquide. Où l’on constate à nouveau l’interdépendance des conditions-cadres de sécurité et de la prospérité économique.

Notes:

1  Cf. le communiqué du Conseil d’État à propos de l’arrêté en question: https://www.vd.ch/toutes-les-actualites/communiques-de-presse/detail/communique/le-conseil-detat-decide-de-mesures-urgentes-pour-securiser-les-transports-de-fonds-sur-sol-vaudois/

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