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Jonathan MasurOn nous écrit
La Nation n° 2138 20 décembre 2019

Je souhaiterais réagir par rapport à l’article Occident express 44 de David Laufer. Comme d’habitude, j’ai toujours plaisir à le lire. M. Laufer parle de la morosité économique qui sévit en Europe centrale depuis la chute du Mur, et des désillusions que cela crée. Pour lui, le coupable est clair : l’Allemagne est l’unique responsable de cette situation. Ainsi, les vilains Allemands impérialistes iraient une fois de plus exploiter les pauvres peuples d’Europe centrale, et l’histoire de l’Europe centrale ne serait qu’une alternance d’exploitation russe et allemande.

En tant que passionné de ce pays et de son histoire, je ne peux pas accepter de telles attaques gratuites contre l’Allemagne sans réagir ! Je partage avec M. Laufer une profonde tristesse et un désarroi quant à la situation économique morose de l’Europe centrale. En revanche, si M. Laufer s’était intéressé de plus près à l’Allemagne, il saurait que ce pays est en quelque sorte une Europe en miniature. Les ex-Allemands de l’Est subissent exactement le même sort que les autres pays de l’Europe centrale, voire pire encore, puisque le départ des jeunes à l’ouest est facilité par une langue commune. Les Allemands ne se sont par réunifiés pour sadiquement dominer l’Europe, mais simplement pour eux-mêmes. De plus, l’Allemagne a elle-même subi durement l’impérialisme américain (à l’ouest) et russe (à l’est) et a perdu une grande partie de son identité et de sa souveraineté suite à la Seconde Guerre mondiale.

En 1914, juste avant le déclenchement du premier conflit mondial, l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie connaissaient des fortes disparités économiques est-ouest dans leurs frontières. Si la plaine du Danube (actuelles Autriche et Hongrie) et la Bohême (actuelle République tchèque) étaient riches et industrialisées, la Galicie ou la Transylvanie étaient extrêmement pauvres et sous-développées. Au sein de l’Empire allemand, alors que l’ouest était en pleine expansion économique et fortement industrialisé, au point de faire une concurrence à la France et à l’Angleterre, l’est prussien (actuellement en Pologne) était composé d’exploitations agricoles petites et misérables où les junkers régnaient en maîtres sur des paysans quasi esclaves. Dans les villes de ces régions, les salaires étaient deux fois moindres qu’en Allemagne occidentale, et la plupart des jeunes allaient chercher du travail à l’ouest ou à l’étranger. Les migrations vers l’Amérique à partir de ces régions d’Europe centrale étaient très fréquentes. D’autres choisissaient la Suisse, mon arrière-grand-père fut d’ailleurs parmi ceux-ci.

La morosité économique de l’Europe centrale ne date pas de 1989, et elle n’est pas imputable aux Allemands, ils en sont au contraire également les victimes dans les territoires de l’ex-RDA.

Jonathan Masur

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