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Le délit licite

Jean-François Cavin
La Nation n° 2141 31 janvier 2020

Sur le jugement aventureux du Tribunal de police de Lausanne, acquittant douze «activistes du climat» coupables de violation de domicile au détriment de Credit Suisse, presque tout a été dit. Nous y revenons néanmoins, car ce prononcé, certains commentaires faits à son sujet et telle de ses suites touchent à des questions de principe.

Certains ont loué le courage du juge. Faut-il plus de courage pour ignorer le sens normal de la loi en suivant les émotions populaires du moment, ou pour tenir bon face à une cohorte d’avocats se faisant bonne conscience en répercutant dans le prétoire les slogans de la rue? De toute façon, on ne demande pas à la justice du courage, mais de la sérénité.

A propos de ce verdict manifestement politique, d’aucuns ont argumenté de façon lénifiante que tout jugement est politique. Non! Il faudrait expédier les tenants de cette théorie dans des pays où la justice est aux ordres! La loi est certes politique; là où elle laisse au juge une marge d’appréciation, notamment dans la mesure de la peine, on peut admettre que des considérations politiques inspirent plus ou moins de mansuétude… ou de rigueur. Mais rien de plus, au risque de tomber dans le favoritisme et l’arbitraire.

Au lendemain du jugement, des «activistes du climat» ont remis ça en occupant sans droit les locaux d’UBS à la place Saint-François. Puisque c’est permis... Jusqu’où ira-t-on dans le désordre avec la bénédiction de la justice? Certains pénalistes nient le rôle préventif de la sanction pénale; cet épisode apporte en tous cas la démonstration, servie tout chaud, de l’effet délétère de l’inaction pénale.

Mais à tout prendre, ceux qui devraient le plus regretter ce jugement au lieu de le célébrer, ce sont les activistes eux-mêmes, et les prétendus vieux sages qui applaudissent du fond de leur retraite pour se redonner un peu de jeunesse. Car la désobéissance civile, chantée par le chœur des bonnes consciences, n’a de sens et de portée que si elle est sanctionnée. L’impunité l’anéantit! Mais ce n’est pas une raison pour que tout soit permis et que, par une singulière inversion des rôles, les victimes d’un délit deviennent des coupables.

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