Le danger de la justice personnalisée
Jean-François Cavin (La Nation du 31.1.2020) s’inquiète des conséquences possibles de l’acquittement des douze «activistes du climat» par le Tribunal de Police de Lausanne.
Un autre élément doit aussi nous inquiéter: c’est le fait que la presse, de plus en plus souvent, publie le nom du juge (ou du procureur, le cas échéant) qui a rendu le verdict. Il s’agit d’une menace grave sur l’indépendance de la justice. C’est certainement le plus sûr moyen de politiser la justice, puisque le juge doit se préparer aux répercussions qu’il devra endurer personnellement, une fois son jugement rendu. Que ce soit l’opprobre ou le vedettariat. Et on ne peut pas, humainement, lui reprocher d’y être sensible.
De façon plus générale, publier le nom du magistrat qui condamne ou acquitte, c’est le mettre en danger. Le danger qu’une des personnes concernées s’en prenne directement au juge ou aux membres de sa famille et que, progressivement, la justice s’emploie moins à faire respecter le droit qu’à protéger les magistrats des conséquences éventuelles de leur décision.
Une justice indépendante doit être anonyme.
Les journalistes qui choisissent de la personnaliser pour animer leurs colonnes ne mesurent probablement pas leur responsabilité sociale dans le fonctionnement de notre système judiciaire.
Au sommaire de cette même édition de La Nation:
- Le collectivisme est un individualisme – Editorial, Olivier Delacrétaz
- J’avance! – Julien Le Fort
- Miettes d’inculture – Jacques Perrin
- Amour fou, amour interdit – Jean-Blaise Rochat
- Faire la morale? – Jacques Perrin
- Dynasties hôtelières – Jean-François Cavin
- Se distinguer, se défendre, transmettre – Jacques Perrin
- Occident express 50 – David Laufer
- Réconciliation – Jacques Perrin
- Notes économiques – Jean-François Cavin
- La Venoge contre la Champagne – Daniel Laufer
- Les Deux Minutes de la Honte – Le Coin du Ronchon