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Parasite

Simon Laufer
La Nation n° 2144 13 mars 2020

Bien que les ragots et autres discussions empreintes de crainte gravitent désormais autour du coronavirus, il y a quelques semaines encore les cinéphiles échangeaient maladivement autour d’un tout autre phénomène asiatique, j’ai nommé: Parasite.

Le thriller social de Bong Joon-Ho s’est empressé d’infecter tous les prestigieux événements célébrant le 7e art. Ici, aucune nécessité de faire appel aux médecins-légistes, seuls les trophées et statuettes dorées ont été concernés. Mais, au-delà de l’épidémie médiatique qu’a provoqué Parasite, que pouvons-nous tirer de ce film?

La lutte des classes est un sujet cher au réalisateur sud-coréen, on le retrouve dans ses différents longs-métrages. Parasite ne s’arrête cependant pas à cela et présente la perspective de Bong Joon-Ho à l’égard du capitalisme.

L’œuvre dystopique retrace le parcours de la famille Kim, extrêmement pauvre, qui réussit par la ruse et l’audace à tirer profit du niveau de vie de la famille Park, en remplaçant leur personnel de maison.

Le film brille tout d’abord par à ses qualités techniques. Scripts, rythme, lumière, composition, cadrage, usage de plans à répétition, décors, etc. L’ensemble est subtil, mais organisé d’une main de maître. Le film est porté par une bande-son originale en totale adéquation avec l’ambiance générale. Relevons que Haendel y fait même une petite apparition.

En ce qui concerne le fond, on constatera que la vision du réalisateur est à certains égards étriquée. Les riches sont très riches, les pauvres sont très pauvres. La lutte des classes est dualiste et la fortune des plus chanceux n’a d’égal que leur superficialité. Les Park font preuve d’une naïveté exaspérante et leur cocon de confort ne fait que les éloigner de la réalité, parfois difficile.

Si la présentation des Park témoigne d’une certaine lourdeur, celle des Kim est quant à elle plus riche (sans mauvais jeu de mots). Ils ne sont pas simplement opprimés par le système ou empêchés de donner un sens à leur vie. Ils sont rusés et n’hésitent pas à sacrifier leurs congénères. Peu scrupuleux, ils iront jusqu’à prendre des risques inconsidérés pour atteindre leurs objectifs. Pire encore, ils adopteront très vite le caractère hautain des «riches» en quittant leur milieu social initial.

Au terme de leur périple, les protagonistes payent les conséquences de leur course sans fin, toujours en vue de l’appât du gain. Bien que le film ne matérialise pas physiquement la figure du «méchant», les personnages ne peuvent que retomber de l’illusoire nuage de bonheur que leur procure le capitalisme. Seule solution, sortir du «système». L’individu devient alors un parasite. Il ne vit qu’aux dépens des autres, sans prendre part à cette utopique course. Hors de toute vie sociale, il se complaît dans sa médiocrité.

Que l’on soit d’accord ou non avec le propos de ce film, le long-métrage sud-coréen convainc par ses traits techniques, sa trame narrative ainsi que par ses différents niveaux de lecture. Si une escapade en Asie vous tente, il existe un remède pour les plus désireux devant prendre leur mal en patience eu égard à la situation. Le charme de Parasite est cependant peut-être plus contagieux que son homologue chinois.

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