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Le Grand Conseil doit siéger à la Cité

Yves Gerhard
La Nation n° 1949 7 septembre 2012

Le référendum «Non-au-toit» a abouti: plus de 16400 signatures ont été amenées dans les bureaux de l’Etat. Alors qu’avec trois oppositions, l’écrasante majorité des députés et avec eux tous les partis proposaient d’enlaidir définitivement la silhouette de la Cité, une bonne trentaine de citoyens indépendants s’est dressée, comme dans la Rome antique, pour s’opposer à ce «cadeau» offert à M. Marthaler pour son départ. Malgré le très petit nombre de référendaires, malgré les vacances, sans le soutien d’aucun parti, une première victoire a été remportée.

Mais que faire après? Classé monument historique, avec la note *1* au recensement architectural, le bâtiment Perregaux devrait en principe être reconstruit à l’identique, comme l’église du Prieuré à Pully ou le pont en bois de Lucerne. La salle utilisée aux XIXe et XXe siècles convient-elle? Les députés de l’an 2000 avaient répondu positivement à cette question. Lors de l’incendie de mai 2002, le bâtiment était en cours de rénovation. La Constitution de 2003 a fixé à 150 le nombre de députés, et cette décision n’est peut-être pas étrangère à la surface de la salle historique…

Or voici que, dans une lettre de lecteur de 24 heures (du 15 août 2012), M. Michel Bory, de Grandson, propose de placer dans le bâtiment Perregaux le ministère public (qui s’y trouvait autrefois, dans les étages inférieurs) et d’aménager les locaux du Grand Conseil au Palais de rumine. «Le parlement, écrit-il, a trouvé son siège idéal sur la Riponne, LA grande place de la capitale, accessible aisément, visible à l’extrême, propice aux rencontres et aux manifs. Les députés y sont à l’écoute de la vox populi. Les marches du Palais invitent à grimper à la tribune du public!»

Le Grand Conseil doit-il s’installer définitivement au Palais de Rumine?

Nous répondons non à cette question.

Ce bâtiment a été voulu pour l’Université, la Bibliothèque et les Musées – le fronton le rappelle fièrement. Plusieurs institutions qui occupent le pompeux édifice lorgnent sur les espaces qui seront libérés par le départ du Musée des Beaux- Arts. L’arbitrage ne sera pas facile. Mais la destination de rumine n’est pas d’abriter le Grand Conseil et ses services.

Les référendaires n’ont jamais envisagé de construire deux nouvelles salles, l’historique à la Cité (comme tribunal?) et une nouvelle à la Riponne. Le prix serait doublé. Mais surtout, les autorités de 1803 ont érigé, sur l’Esplanade du Château, un portique monumental qui doit rester l’accès principal à la salle du parlement. Il y a là un passage historique, politique et symbolique qui doit être rétabli. Sinon, il n’est qu’un décor sans signification. Le projet Rosebud prévoit d’éventrer le haut de la rue Cité-Devant pour y aménager une nouvelle entrée en verre et en métal: le référendum qui a abouti combat aussi cet accès. La rue Cité-Devant doit garder son aspect actuel et les députés entreront par la grande porte de l’Esplanade du Château… dans une salle neuve et actuelle. Dans la reconstruction du bâtiment Perregaux, rétablissons donc à l’identique les murs avec leurs fenêtres et la toiture avec son clocheton, et construisons à l’intérieur de ces vastes volumes les structures qui conviendront le mieux aux travaux parlementaires. Il n’est pas exclu que la solution de Perregaux corresponde à peu de chose près à celle que trouveront les architectes qui s’attelleront à ce projet…

P. S. On trouve des illustrations montrant l’aspect du Grand Conseil au XIXe siècle dans l’Encyclopédie vaudoise, vol. IV, L’Histoire, pp. 171, 173, 180 et 184. Vues du XXe siècle dans le vol. V, Les Institutions, pp. 72, 73, 80, 81 et 112, ainsi que dans le vol. VII, Les Arts de 1800 à nos jours, p. 45.

Dans 24 heures, la photo la plus parlante figure au courrier des lecteurs du 20 juillet, avec l’excellente lettre du prof. Philippe Junod.

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