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Un nouvel enregistrement du Roi David d’Honegger

Frédéric Monnier
La Nation n° 2068 14 avril 2017

Dans La Nation no 2066, nous signalions à nos lecteurs les concerts au cours desquels Pascal Mayer dirigeait l’oratorio Nicolas de Flue d’Arthur Honegger pour la musique et Denis de Rougemont pour le texte. Restons en compagnie du même Honegger pour parler cette fois d’un enregistrement tout récent de son œuvre la plus célèbre (avec le mouvement symphonique Pacific 2.3.1), Le Roi David, psaume symphonique en trois parties d’après le drame de René Morax. Il s’agit du premier enregistrement de l’Ensemble vocal de Lausanne sous la direction de son nouveau chef Daniel Reuss, lequel, on le sait, a succédé en 2015 à son fondateur Michel Corboz.

Le chef néerlandais (né de parents allemands) a choisi d’enregistrer la version originale de l’œuvre créée en juin 1921 au Théâtre du Jorat, autrement dit celle pour un ensemble orchestral réduit de dix-sept musiciens, où les instruments de percussion et à vent ont la part belle (violons et altos en sont absents). Une version pour grand orchestre (comprenant bien sûr l’ensemble des cordes) a vu le jour en 1923, laquelle a longtemps éclipsé la première, mais le compositeur, paraît-il, préférait celle-ci, probablement parce qu’elle était plus proche de la couleur primitive et fruste qu’il a voulu donner à cette fresque vétérotestamentaire. Toutefois, ainsi que l’écrit le musicographe Harry Halbreich, «les deux versions méritent de vivre, elles sont d’une certaine manière complémentaires» (à noter que … Michel Corboz lui-même avait enregistré en 1991, pour la défunte maison de disques Cascavelle, la version de 1923 avec l’orchestre et le chœur de la Fondation Gulbenkian de Lisbonne, dans le cadre du centenaire de la naissance d’Honegger).

Cet enregistrement, pour lequel le chef s’est adjoint le concours de musiciens de l’Orchestre de la Suisse romande, nous a paru remarquable de précision rythmique (c’est indispensable dans cette œuvre!) et de clarté polyphonique, soulignant la rudesse «barbare» de certaines pages, la suavité et la douceur d’autres, comme l’inoubliable Alléluia qui termine les première et dernière parties de l’œuvre. L’Ensemble vocal de Lausanne est admirable de justesse et d’articulation; les parties de chanteurs solistes (soprano, mezzo-soprano et ténor) et le rôle parlé très bref de la Pythonisse sont tenus avec brio; quant au récitant Christophe Balissat, il dit avec sobriété et sans emphase le texte de René Morax. A ce propos, il serait intéressant de voir une fois le spectacle avec le texte complet de l’écrivain morgien, mais il dure plus de quatre heures, qui aurait l’audace de se lancer dans une telle aventure?

Ce disque est donc une réussite, et nul doute qu’avec un tel chef l’EVL a encore de belles années devant lui.

[Référence: Honegger, Le Roi David, Mirare, MIR 318, 2017]

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