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Sortir du nucléaire, mais sans précipitation

Pierre-Gabriel Bieri
La Nation n° 2056 28 octobre 2016

Le peuple et les cantons se prononceront le 27 novembre sur une initiative populaire intitulée «Sortir du nucléaire». Le titre constitue une habile manipulation, car la Suisse a déjà décidé de sortir du nucléaire après l’accident de la centrale de Fukushima en 2011. Ce que demande l’initiative, c’est l’arrêt immédiat de trois des cinq centrales nucléaires suisses (Beznau I et II et Mühleberg) et la mise hors service des deux autres en 2024 (Gösgen) et 2029 (Leibstadt). Il faudrait ainsi remplacer environ 15% de la production d’électricité helvétique dès l’année prochaine, et 40% d’ici une douzaine d’années. Les «nouvelles énergies renouvelables» (éolien, solaire, etc.) n’étant pas encore capables de produire autant, il faudrait dans l’immédiat importer davantage de courant étranger – produit en partie par des centrales nucléaires, ou à gaz, ou à charbon. Une telle stratégie ne serait donc pas tout-à-fait «propre», et surtout elle placerait la Suisse dans une situation de dépendance accrue vis-à-vis de l’étranger: notre approvisionnement en électricité dépendrait en partie de la bonne volonté politique des Etats étrangers, mais aussi de leur capacité à produire plus de courant qu’ils n’en consomment.

Si l’on refuse cette initiative, la Suisse sortira aussi du nucléaire, mais en laissant les centrales actuelles terminer leur cycle de vie (celle de Mühleberg, représentant environ 5% de la production suisse, sera déjà arrêtée en 2019 par choix commercial de son exploitant). Ce répit de quelques années – on ne le chiffre pas de manière précise – n’apportera pas de solution miraculeuse mais laissera un peu plus de temps pour développer d’autres sources de production (centrales à gaz, installations éoliennes en Suisse ou à l’étranger). Le risque d’accident, pendant ce délai supplémentaire, ne sera pas plus grand qu’il ne l’a été depuis la mise en service de la première centrale en 1969.

La stratégie officielle apparaît plus raisonnable que celle, purement émotionnelle, véhiculée par l’initiative «Sortir du nucléaire». Cette dernière mérite donc d’être rejetée.

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