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Actualités  |  Mardi 28 mai 2019

Violences coraniques et violences bibliques

Le Coran contient des passages agressifs qui appellent le fidèle musulman à combattre les mécréants, ainsi que des imprécations contre les «associateurs», c’est-à-dire les polythéistes, qui nient le caractère unique d’Allah. Les chrétiens, qui confessent un Dieu, certes unique, mais en trois personnes, peuvent eux aussi se sentir visés par ces textes. Quand ils s’en inquiètent, on les renvoie aux violences contenues dans l’Evangile: «Faites plutôt le ménage dans vos Ecritures avant de chercher d’inutiles querelles à l’Islam!» Cette réponse n’est pas le fait des seuls musulmans. On la lit aussi sous la plume de chrétiens qui craignent d’apparaître comme fondamentalistes ou islamophobes et trouvent une échappatoire dans cette équivalence superficielle.

Il ne suffit pas de répondre que les textes violents se trouvent dans l’Ancien Testament et que le Nouveau a changé tout cela. Même si c’est en gros vrai, l’Ancien Testament n’est pas caduc pour autant. On continue de le lire et de le méditer. Le Christ s’y réfère constamment. Sa vie et son enseignement éclairent certes l’Ancien Testament d’une lumière toute nouvelle, mais ne mettent jamais en cause les violences qu’il contient, les ordres terribles reçus de l’Eternel, les massacres commis par Israël. La Bible forme un tout.

Le Coran est un recueil dicté durant une vingtaine d’années à un copiste méticuleux. Le fidèle y apprend ce qu’il faut croire et ne pas croire, ce qu’il faut faire et ne pas faire, les récompenses et les punitions qui l’attendent. Mahomet, «le sceau des prophètes», clôt la révélation d’Allah. Les paroles qu’il transmet de l’Au-delà sont définitives. Elles sont donc pleinement actuelles et l’on est fondé à demander aux autorités musulmanes comment elles les interprètent.

La Bible, c’est autre chose. C’est d’abord une histoire, la longue histoire des relations tumultueuses du Créateur avec sa création. Quand, après la Chute et les malheurs qui s’ensuivirent, l’Eternel mit en œuvre son projet de salut pour l’humanité, il le fit en formant un peuple choisi entre tous. Ce fut une longue et dure pédagogie. Sa première exigence fut celle d’une confiance totale et d’une soumission inconditionnelle à sa volonté divine, symbolisées par Abraham acceptant de sacrifier son propre fils. L’esclavage en Egypte, les dix plaies, notamment la dixième, les années d’errance des Israélites dans le désert, la conquête brutale de la terre promise et bien d’autres événements violents se situèrent dans la même perspective: réorienter l’homme fourvoyé, lui remettre les idées et les croyances à l’endroit, le rendre capable de liberté, le préparer à la venue du Christ et à son sacrifice rédempteur. En ce sens, ces violences furent nécessaires durant un temps. Le Christ est venu, elles ne le sont plus.

(Olivier Delacrétaz, 24 heures, 28 mai 2019)