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Contre les familles, contre les entreprises, contre les cantons

Olivier DelacrétazEditorial
La Nation n° 1960 8 février 2013

Tous les cantons ont une politique familiale. Le parlement fédéral (qui n’a rien d’autre à faire) a néanmoins voté un arrêté de rang constitutionnel donnant à l’administration fédérale (qui n’a rien d’autre à faire non plus) la haute main sur cette question.

Les motifs en sont aussi nombreux que futiles. Le maniaque égalitaire s’indigne de ce qu’à cause des enfants, surtout en bas âge, la femme ne puisse jouir de la pleine parité en matière de travail: l’égalité exige que la progéniture cesse d’encombrer la génitrice. Rose ou vert, le parlementaire de gauche ne supporte pas les différences entre les cantons et appuie par principe toute forme d’unification fédérale. Tel élu se met à planer dès qu’il entend le mot «famille» et vote des deux mains tout texte y faisant référence. Pour le politicien moyen, le soutien à la famille est, comme la promotion de la culture, de l’hygiène ou de la mobilité, un placement électoral pas trop risqué. Enfin, il y a ceux qui considèrent l’instruction, et en particulier les formations supérieures, comme un investissement coûteux pour la société. Ils attendent des femmes qu’elles le rentabilisent en travaillant à l’extérieur plutôt que de gaspiller un temps précieux à pouponner. De là la multiplication des crèches et autres infrastructures parascolaires qui sont l’objet principal de l’arrêté.

Brouet infâme d’égalitarisme, d’étatisme et d’idéologie productiviste, l’arrêté fédéral sur la politique familiale dépouillera les cantons d’une compétence qu’ils assument à satisfaction… voire au-delà. A la corbeille!

 

L’initiative Minder veut empêcher les conseils d’administration et les directeurs de toucher des revenus excessifs. Elle renforce à cette fin le pouvoir de l’assemblée générale au détriment du conseil d’administration. En particulier, ce seront désormais les actionnaires qui détermineront les salaires du conseil d’administration et de la direction. L’actionnaire moyen est-il par nature moins cupide et plus lucide qu’un membre de conseil d’administration? Quoi qu’il en soit, sa principale compétence est d’avoir acquis un paquet d’actions dont il peut se défaire d’un jour à l’autre au gré de son intérêt personnel. Cela ne va pas le porter à privilégier les décisions pénibles à court terme mais favorables à la survie de l’entreprise.

De plus les actionnaires rééliront le conseil d’administration et la direction chaque année. Cette exigence ne peut que renforcer le vice fondamental de la société anonyme, qui est la primauté du capital sur la direction et le travail.

L’initiative titille en nous ce désir apparent de justice qui n’est que le masque de l’envie. Elle est démagogique en ce qu’elle amalgame sciemment le directeur, grassement indemnisé sans doute, mais qui part en laissant une affaire en plein essor, l’incompétent qui, non content d’avoir conduit son entreprise à la faillite, se taille vite un dernier «bonus» sur son corps pantelant, et le malfrat pur et simple, qui a contrevenu aux lois d’autres pays et lésé la réputation des banques suisses.

Il serait infantile de voter oui à cette initiative chicaneuse et contreproductive pour le plaisir de punir les méchants et sans tenir compte des entraves inutiles qu’elle impose à l’ensemble de l’économie. A la poubelle!

 

La révision de la loi sur l’aménagement du territoire veut lutter contre le «mitage» du territoire en délimitant strictement les zones habitables, lesquelles seront dûment contrôlées, coordonnées et densifiées.

On connaît le caractère éphémère de ces modèles censément définitifs. Dans vingt ans, inversant la tendance, les mêmes ou leurs successeurs dénonceront un «urbanisme concentrationnaire» porteur de tous les vices et de toutes les pollutions. Les pouvoirs fédéraux seront alors sommés d’aménager le territoire selon le principe de l’habitat dispersé (on ne parlera plus de «mitage» mais de «décentralisation douce»).

Cette loi, comme tous les grands machins planificateurs, est lourde de mille injustices particulières. Réduisant drastiquement l’étendue des zones constructibles, elle fera chuter la valeur des surfaces décrétées inconstructibles, parmi lesquelles d’innombrables petites et moyennes propriétés familiales. Du même coup, la demande étant forte, elle fera grimper le prix des terrains constructibles restants, des constructions et des loyers.

M. Philippe Barraud1 s’affirme sans honte partisan d’une centralisation de principe: «On peut, dit-il, être un défenseur du fédéralisme et de l’autonomie des communes sans en faire une religion. Autrement dit, en en reconnaissant les limites. Dans le domaine de l’aménagement du territoire, ces limites sont largement franchies: les pouvoirs locaux ont fait la preuve de leur impuissance à maîtriser leur tâche.» C’est excessif et injuste. Et même si c’était fondé, comment peut-on placer le moindre espoir dans une mécanique fédérale qui a montré ces derniers temps son irréalisme et sa partialité? La réalité est que si cette révision, centralisatrice au point de dépasser le mandat constitutionnel, est acceptée par le peuple, nous perdrons définitivement tout espoir de pouvoir, un jour, améliorer notre propre législation. Au pilon!

 

Ces lois portent toutes des atteintes graves aux souverainetés cantonales, à la propriété, aux entreprises et aux familles. Elles expriment le même refus de la vie telle qu’elle est, c’est-à-dire incomplètement maîtrisable, semée de problèmes contradictoires, de solutions incertaines et de réalisations imparfaites. A cette vie qui est une réalité humaine et politique, elles proposent de substituer la perfection morte – et illusoire – de l’ordre bureaucratique.

Au rebut!

1 Voir le site commentaires.com.

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