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Haro sur les piétons, place aux champignons!

Le Coin du Ronchon
La Nation n° 2047 24 juin 2016

Petit problème de logique: sachant que certains bus arrivent sur une place de la ville par le nord-ouest et repartent par le nord-est, et que les autres arrivent par le nord-est et repartent par le nord-ouest, où et comment disposer les arrêts? Réponse A: discrètement au nord de la place, pour laisser le reste de l’espace aux piétons et aux enfants. Réponse B: répartis du nord au sud sur presque toute la longueur et sur toute la largeur de la place, sous la forme de monstrueux champignons sombres et parallélépipédiques, afin qu’aucun habitant ne puisse plus porter son regard où que ce soit sans contempler avec crainte et respect ces Kaaba du dieu Transport public, ni ne puisse se tenir ni cheminer où que ce soit pendant plus de deux minutes et demie sans devoir s’écarter avec crainte et respect devant ses divines bétaillères.

La réponse B, choisie sans hésitation par les autorités de la capitale vaudoise pour réaménager la place de la Sallaz, est fondée sur la religion du «vivre ensemble» (de gré ou de force). Auparavant, les piétons disposaient d’espaces réservés et protégés, où ils pouvaient déambuler en toute quiétude; on appelait ça des «trottoirs». Désormais, ils doivent apprendre à «vivre avec». Pas avec les voitures, bien sûr, qui ont été chassées conformément au dogme dominant, mais avec tout le reste: paumés et camés, icônes de l’évolution sociale; marchands de came et djihadistes, icônes du multiculturalisme; cyclistes météoriques et orgueilleux, seules icônes reconnues de la mobilité douce; et maintenant les autocars et les autobus, icônes des déplacements de promiscuité. Les trolleybus surtout, grâce auxquels cette vaste surface striée de béton et de goudron se trouve esthétiquement surmontée par une épaisse et inextricable toile de câbles électriques et de câbles porteurs desservant chacune des sinistres russules noires.

Cette idyllique place non piétonne, dont la laideur a tout de même réussi à «enthousiasmer» un professeur de «théorie de l’architecture» de l’EPFL, vient d’être inaugurée en grande pompe et à grand renfort d’animations festives. Une inauguration moins extravagante toutefois et peut-être aussi moins onéreuse que pour le tunnel du Saint-Gothard, autre ouvrage réservé aux transports publics et déconseillé aux promeneurs.

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