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Les droits de l’homme contre le peuple

Denis Ramelet
La Nation n° 2053 16 septembre 2016

Tel est le titre d’un ouvrage publié ce printemps par Jean- Louis Harouel, professeur émérite d’histoire du droit à l’Université Paris Panthéon-Assas1. La thèse de cet ouvrage est que, si les droits de l’homme devaient à l’origine permettre aux peuples occidentaux de se défendre contre les abus éventuels de leurs gouvernants, ils empêchent aujourd’hui ces mêmes peuples de se défendre contre l’invasion migratoire dont ils sont victimes. C’est particulièrement le cas vis-à-vis des revendications islamiques:

C’est sur les droits de l’homme que se fondent les revendications vestimentaires, alimentaires et autres des musulmans, lesquelles relèvent toutes en réalité d’une prise de pouvoir de nature politique, d’un combat pour la conquête du territoire, pour la domination de secteurs de la société. C’est à cette domination que visent les mosquées ostentatoires, le foulard islamique (hidjab), le voile dissimulant le visage (niqab, burqa2), l’exigence de menus halal dans les cantines et d’horaires réservés aux femmes dans les piscines, le refus de l’examen des femmes par des médecins de sexe masculin… (p. 38)

Comment en est-on arrivé là? A cause de la transformation des droits de l’homme en une véritable religion:

Du fait de la disposition religieuse de l’être humain, le recul des croyances et de la pratique religieuse chrétienne qu’a connu l’Europe occidentale n’a pas fait disparaître le sacré, mais a seulement entraîné son déplacement. Se trouvant disponible pour d’autres investissements, la propension à la religiosité de nombreux individus s’est largement reportée vers des formes sécularisées du sacré, sans que les intéressés soient toujours conscients de la nature religieuse de leur foi et de leur engagement. (p. 41-42)

Pendant la plus grande partie du XXe siècle, c’est le communisme qui fut la principale «religion séculière»3. Au cours des années 1980, lorsque le communisme s’essoufflait, ce sont les droits de l’homme qui ont progressivement repris le flambeau des espoirs messianiques terrestres. Nous pensons tous à des personnes qui avaient des sympathies communistes et qui se sont reconverties dans «l’antiracisme» à cette époque.

Si les prêtres de la religion communiste étaient les cadres du Parti, qui sont donc les prêtres de la religion des droits de l’homme?

Dès lors que la religion séculière des droits de l’homme est substantiellement formée de règles de droit, les prêtres de cette religion sont tout naturellement les magistrats, si bien que le sagace historien du droit Jacques Krynen parle à leur propos d’une «nouvelle prêtrise judiciaire». (p. 87)

La fonction religieuse des juges a de graves conséquences sur la manière dont ils rendent la justice au nom de l’Etat:

En Europe occidentale – et en France moins qu’ailleurs –, l’Etat n’a presque aucun souci des intérêts concrets du peuple. Son avenir importe peu. L’Etat veille seulement à sa sainteté, par le respect obligatoire des dogmes du millénarisme de l’amour de l’autre jusqu’au mépris de soi. Les manifestations d’opinions non conformes à ces dogmes sont les nouveaux crimes religieux, sanctionnés par un nouveau droit pénal religieux. (p. 89)

L’archétype de la décision judiciaire «prophétique» (p. 116), prise au mépris des intérêts élémentaires du peuple, est l’arrêt par lequel la plus haute instance administrative française a fait entrer le pays dans l’ère de l’immigration de peuplement:

L’immigration de colonisation extra-européenne a été imposée sournoisement aux peuples de l’Europe occidentale par leurs dirigeants et aussi par leurs juges. En France, la chose est particulièrement nette. […] Le 8 décembre 1978, les membres du Conseil d’Etat se sont comportés en prêtres de la religion des droits de l’homme, en rendant l’arrêt [consacrant le droit au regroupement familial]. […] Ce sont les énarques du Conseil d’Etat, parmi lesquels les socialistes étaient alors nombreux, qui sont historiquement les premiers responsables de la montée en France des problèmes insolubles nés du passage à une immigration de colonisation. (p. 115-117)

Et Harouel d’arriver à cette conclusion fulgurante (p. 124): «Le besoin vital du peuple n’est plus d’être protégé contre ses dirigeants par les droits de l’homme, mais d’être protégé par ses dirigeants contre les droits de l’homme.»

Notes:

1 Jean-Louis Harouel, Les droits de l’homme contre le peuple, Desclée de Brouwer, 2016, 146 pages.

2 Et désormais le burkini (ndlr).

3 On parle aussi de «messianisme temporel» (cf. Alphonse Morel, Messianisme temporel et messianisme spirituel: réflexions sur les idéologies contemporaines, Cahiers de la Renaissance vaudoise, 1988). Comme Alphonse Morel, Harouel montre (p. 41-74) les origines para-chrétiennes (gnostiques) des idéologies religieuses que sont le communisme et le droit-de-l’hommisme.

 

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