Identification
Veuillez vous identifier

Mot de passe oublié?
Rechercher


Recherche avancée

Petit aperçu sur la jeunesse d’aujourd’hui

Valentine Perrot
La Nation n° 2058 25 novembre 2016

Il suffit de marcher dans les rues bondées du centre de Lausanne un samedi matin pour observer les caractéristiques communes des jeunes gens d’aujourd’hui.

Chez les garçons, elles se remarquent d’un coup d’œil: la mèche de cheveux tirée sur le côté, les jeans moulants mais pas trop, le blouson en cuir (ou matelassé) sombre, les baskets Nike ou les fameuses Stan Smith Adidas. Chez les filles, les similitudes vestimentaires sont aussi frappantes: croc-top version col roulé, jeans taille haute, veste de cuir, baskets Adidas dorées, sans oublier le célèbre collier noir ras-du-cou ressorti des armoires des années 2000.

Les adolescentes étonnent non seulement par les habitudes vestimentaires similaires, mais aussi par des méthodes de maquillage et des coiffures semblables: presque toutes les filles privilégient les cheveux longs et raides.

Chez les jeunes, le langage courant est en perpétuel changement, les mots d’origine anglaise sont privilégiés pour démontrer l’«ouverture au monde». Un examen de maths est en effet «easy» (facile) pour les amateurs de chiffres ou «hard» (dur) pour les pauvres littéraires. Thomas et Pauline se sont «enjaillés» (amusés) au Lapin Vert, samedi dernier. Dimanche, Claire était «chill» (relax) devant «Les Marseillais», émission de téléréalité prisée par les adolescents.

Les jeunes se ressemblent et se rassemblent; faire partie d’un groupe est important pour eux. Des études sociologiques montrent que l’appartenance à un groupe défini influence notre façon d’agir et diminue la marge de manœuvre personnelle, d’où l’homogénéité des comportements des jeunes gens. Si l’un d’eux s’éloigne de l’opinion générale du groupe en adoptant un avis divergent, il se retrouve alors dans une position inconfortable, d’où certaines situations dramatiques de harcèlement à l’encontre d’adolescents jugés «en décalage» avec leurs camarades. L’appartenance au groupe prime tout le reste.

On dit souvent que la jeunesse d’aujourd’hui est mal éduquée. Pour certains adultes, les jeunes sont des fainéants ne respectant pas leur entourage. La situation était-elle différente avant? Certains changements se laissent observer dans le comportement des jeunes d’aujourd’hui, mais nous pouvons également noter des similitudes entre le comportement des aînés et celui des nouvelles générations.

Concernant les similitudes, nous savons que de tout temps les jeunes ont adopté la mode de leur époque quelle qu’elle soit, par besoin de conformité. Que ce soit dans les années 60 où Jane Birkin apporte la minijupe d’Angleterre, dans les années 70 avec les pantalons pattes d’éléphant et les chemises col-ouvert, ou dans les années 80 avec les jeans taille-haute aux couleurs éclatantes, le besoin de manifester sa sociabilité ne s’est pas tari avec le temps, heureusement.

Les jeunes ont besoin de se sentir valorisés par le regard d’autrui, ils sont à la recherche de causes à défendre ainsi que de passions leur promettant action et enrichissement spirituel. Ils veulent faire des expériences multiples, bonnes et mauvaises, dans le but de «vivre à fond». Le besoin d’expériences uniques avant de se préoccuper de l’avenir peut être légitime.

La différence avec le temps de nos aînés résulte de l’apparition d’internet et de son importance démesurée dans le monde d’aujourd’hui. Les jeunes sont beaucoup plus informés des événements se produisant sur le globe. Ils se trouvent confrontés sans cesse aux nouvelles répandues par les médias. Les jeunes n’ont même plus besoin de se rencontrer pour communiquer instantanément, les réseaux sociaux sont constamment mis à jour dans le but d’assurer une interaction perpétuelle.

Ces réseaux sociaux constituent-ils un enrichissement pour l’avenir des jeunes ou sont-ils plutôt néfastes pour le bon fonctionnement d’une société dans laquelle la notion de vie privée n’existe plus et où la plupart des informations sont rendues publiques? Ils peuvent être bénéfiques quand il s’agit de retrouver une connaissance ou encore de créer un groupe d’activités ou d’idées autour d’une passion partagée. Les jeunes d’aujourd’hui sont probablement plus éveillés que ceux d’antan en matière de communication planétaire mais, paradoxalement, ils se renferment plus facilement sur leurs besoins individuels.

Comment soutenir la jeunesse au mieux, en évitant qu’elle se perde dans l’engrenage parfois néfaste de la virtualité?

La famille, l’éducation et la culture demeurent primordiales, la jeunesse évolue en prenant appui sur ces bases. Grâce à elles, les jeunes se créent une place dans le monde. Si la tolérance envers certains comportements étranges est essentielle, la rigueur morale et sociale est indispensable.

Les jeunes sont les adultes de demain, leur avenir se construit sur des fondations qui n’ont pas cessé d’exister.

Vous avez de la chance, cet article est en accès public. Mais La Nation a besoin d'abonnés, n'hésitez pas à remplir le formulaire ci-dessous.
*


 
  *        
*
*
*
*
*
*
* champs obligatoires
Au sommaire de cette même édition de La Nation: