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Où mène la haine des nations…

David Rouzeau
La Nation n° 2059 9 décembre 2016

Le dernier roman de Laurent Obertone, Guérilla, Le jour où tout s’embrasa, est apocalyptique. Il raconte la destruction de la France en trois jours. Basé sur des témoignages de spécialistes de la sécurité intérieure en France, l’auteur raconte comment les choses pourraient se passer, à notre grande stupéfaction, car nous sommes à mille lieues de penser que cela est possible. Et ce sont surtout nos élites médiatico-politiques qui ne nous parlent jamais de ces dangers, même si le terme de «guerre civile» se fait de plus en plus entendre…

L’étincelle qui déclenche la catastrophe est un fait divers qui paraît assez plausible. Bloqués dans le corridor d’un immeuble de banlieue par une bande de voyous et mis en danger de mort par ceux-ci, des policiers finissent par ouvrir le feu. En résulte la mort d’un policier et de plusieurs jeunes de banlieue. Cette étincelle va mettre le feu aux poudres accumulées en France depuis des décennies. Obertone montre, parmi beaucoup d’autres choses, l’absurdité des consignes données actuellement par les mauvaises autorités de la France. Les policiers ne doivent surtout pas utiliser leurs armes quitte à se faire brûler vif, et surtout pas contre des personnes issues de l’immigration, ce qui équivaudrait à une sorte de blasphème selon la religion moderne. L’Altérité est une divinité intouchable et on ne veut surtout pas déclencher des émeutes, ce qui ne manquera pas pourtant d’arriver… Et cette fois, elles ne dureront pas que quelques jours. Au contraire, le chaos s’étendra sur tout le territoire d’un pays démoralisé, déboussolé, à la population hétérogène et éclatée. Le chaos emportera tout…

L’intérêt de ce roman est de nous mettre en garde. Si nos sociétés continuent de perdre leur cohésion culturelle et sociale, leur identité, de même que leurs repères moraux et civilisationnels, elles finiront par éclater. Obertone est du côté des souverainistes, des patriotes, de ceux qui pensent que les peuples existent, qu’ils ont une identité forte, respectable et importante, résultat d’une longue histoire, et qu’ils doivent être maîtres sur leur territoire. Il n’est pas un immigrationniste échevelé, ni un multiculturaliste ou un communautariste (termes synonymes). Il semble défendre le modèle de l’assimilation qui fait qu’une immigration modeste s’assimile au corps et aux moeurs d’une nation pour garantir des liens sociaux sereins, pour créer un vrai sentiment d’appartenance, fort et profond, et du même coup la possibilité d’une société cohérente. La nation est le seul lieu possible d’une vie communautaire entre des hommes qui se connaissent et se reconnaissent.

La société française est décrite comme ayant développé une haine de soi basée sur une vision excessivement critique du passé national. Des groupes importants d’immigrés ne sont pas du tout intégrés et deviendront des prédateurs à la première occasion. Le terrorisme islamiste n’est pas en reste, puisqu’il désire détruire la France, semer le chaos et s’emparer du pays.

Obertone met en scène les diagnostics et les analyses réalisées par beaucoup d’intellectuels et de politiciens depuis plusieurs années. Trop d’immigration mal assimilée, un islam intégriste et potentiellement violent, une incapacité à s’affirmer comme une nation fière de son patrimoine, de son roman national, de ses habitudes culturelles, tout cela fait qu’il n’y a plus de cohésion sociale. On parle du «vivre ensemble» au moment où il disparaît à cause des communautarismes et du refus de respecter la culture française, laquelle devrait être normalement maîtresse chez elle.

Obertone dans son roman présente ces analyses de manière radicale. Il invente des expressions qui ridiculisent cette idéologie extrémiste de l’Autre et de la haine de Soi. On parle ainsi dans ce roman dystopique du «très-bien-vivre-ensemble» dans une société où règne le «Dieu du Lien Social», alors qu’à l’évidence il n’en est rien. On vit de plus en plus mal ensemble… Les mots cherchent à cacher les réalités, la vérité. Les immigrés clandestins sont des «itinérants» qui ont tous les droits. Il y a toute une novlangue mondialiste qu’Obertone moque. Tout ce discours hyperbolique vantant les mérites des processus sociaux réalisés par le système est en fait en grande partie faux et on cache toutes les réalités qui ne lui correspondent pas, comme dans toute société totalitaire.

L’auteur critique en particulier les ultra-gauchistes et les anti-fascistes. Leur idéologie est délétère et complètement absurde. Leur haine de l’Occident les pousse à être complètement aveugles face aux problèmes de la société et les pousse vers le néant. Leur terrorisme intellectuel est une des causes de l’apocalypse.

Il accuse aussi les autorités d’être incapables de gérer le problème, ayant elles aussi une conception problématique. Elles ne voient plus qu’il y a un pays, leur pays, une civilisation, leur civilisation, qu’il faut protéger, qu’il y a des valeurs qu’il faut savoir défendre absolument, qu’on n’a pas le droit de tirer sur un policier et que si celui-ci se défend et tue peut-être malheureusement son agresseur, ce policier alors a fait son travail, tandis qu’il est de nos jours mis en examen et soupçonné. Des événements récents nous rapprochent de la situation initiale du roman: les attentats islamistes en France, les policiers récemment brûlés aux cocktails molotov dans une banlieue française, etc.

Enfin, les médias et certains intellectuels patentés en prennent évidemment aussi pour leur grade tant leur responsabilité est également accablante. Ils sont complètement décalés par rapport aux réalités. Leur logiciel est également celui du mondialisme, de la haine des nations, du culte abstrait de l’Altérité, du refus d’avoir le droit d’affirmer son identité, ses nobles valeurs, sa civilisation.

Bref, ces trois groupes sociaux plaident pour un anti-monde, un néant au fond. On ne peut pas défendre le monde que l’on aime. On ne peut s’aimer, on est obligé de s’auto-flageller dans une rhétorique anti-patriotique ridicule. Ils ont donc oublié que pour aimer les autres, pour accueillir l’Autre et l’aider, il faut d’abord s’aimer et s’assurer de subsister soi-même. On a affaire à un masochisme du néant.

Les élites politico-médiatiques seront incapables d’empêcher la destruction, tétanisées et complètement dépassées devant le monstre qu’elles ont enfanté. L’attitude des autorités politiques et militaires est en particulier tout à fait pathétique.

Ce qui est intéressant dans ce roman, c’est de voir que la conception mondialiste, que les élites médiatico-politiques parviennent actuellement à imposer à nos populations, est complètement dysfonctionnelle. Elle mène à la catastrophe. Le réel démontre l’inanité de cette conception, surtout dès lors qu’elle devient extrême et dominatrice.

Ce livre narre l’issue apocalyptique de la conception libéralo-libertaire, soixante-huitarde, gauchiste du monde, celle du mondialisme capitaliste aussi. C’est cette conception qu’il faut revoir si l’on veut éviter le désastre. Il faut préserver les cohésions culturelles des peuples. Cela est fondamental. L’identité nationale, laquelle évolue aussi avec le temps, mais lentement, est l’âme d’une société. Comme l’homme, une société a besoin d’une âme, d’une intériorité, de valeurs, sauf à se transformer en une jungle barbare.

Que ce livre réveille les consciences pour que jamais le scénario qu’il esquisse ne se réalise. Un livre à lire urgemment, et qui est de plus intelligent, bien écrit. Il fera aussi beaucoup sourire par les ironies acides qu’il manie.

Référence:

Laurent Obertone, Guérilla, Le jour où tout s’embrasa, éditions Ring, 2016.

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