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Un catéchisme défaillant

Vincent Paschoud
La Nation n° 2061 6 janvier 2017

Lors d’une demi-journée de catéchisme, j’ai notamment rencontré une catéchumène de quatorze ans et une jeune accompagnatrice de camp de catéchisme d’une vingtaine d’années.

La première ignore ce que sont la Grâce et la Sainte Trinité. Elle m’apprend n’avoir pas fait de catéchisme depuis trois ans, hormis de ponctuels camps et week-ends. Sa Bible n’est ouverte que sur ordre. Quand on lui demande si elle a compris le texte, sa réponse est invariablement oui, puis elle écoute distraitement les interprétations des jeunes accompagnateurs (JACKs). En clair, elle n’est venue que pour ses amies et les activités non bibliques – très largement majoritaires.

La «JACKette» est étudiante en philosophie. Pour elle, la Bible n’est pas toujours d’actualité. Elle mentionne la lapidation de la femme adultère dans l’Ancien Testament. Elle estime que ce texte doit être ignoré.

Pourtant, le Christ déclare: «Je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir [la loi]»1. L’Ancien Testament doit être interprété à la lumière du Nouveau Testament. Jésus a dit: «Que celui qui n’a jamais péché jette la première pierre.»2 Dès lors, comment peut-on affirmer que le texte est inutile?

J’ai participé l’autre jour à une séance destinée à repenser le catéchisme au sein de ma paroisse. Certains, dont des pasteurs, s’imaginent qu’il est encore trop scolaire, qu’il vaut mieux vivre quelque chose avec les jeunes et ne pas trop les ennuyer avec la Bible. Qui plus est, le catéchisme s’étalerait sur trop d’années. Nous avons été peu nombreux à prôner la revalorisation de l’acquisition de connaissances et nous n’avons pas rencontré un écho très important. La machine avance déjà dans l’autre direction. Certains veulent ratisser large, attirer plus de monde au catéchisme, mais en sacrifiant la qualité à la quantité. Les jeunes ne savent rien et il faudrait être plus attractif pour les athées, les agnostiques et les autres non-croyants.

Que savent les catéchumènes à la fin du catéchisme? Qu’il faut aimer son prochain et soi-même, et que chacun est libre tant qu’il n’empiète pas sur la liberté de l’autre. Mais le christianisme s’arrête-t-il là? A une morale sentimentale? Les textes bibliques difficiles ou choquants ne sont pas évoqués durant le catéchisme. Même le mariage est laissé de côté: il y aurait un risque de trouver des passages politiquement incorrects. Comment aimer Dieu de toute son intelligence dans ces conditions?3

L’Eglise vaudoise sert le politiquement correct, les valeurs civiles, les droits de l’homme. Elle se sacrifie elle-même dans l’espoir de survivre. Or «celui qui cherchera à sauver sa vie la perdra, et celui qui la perdra la retrouvera»4. Certains voulaient éviter que le spirituel n’empiète sur le temporel, mais c’est l’inverse à présent: la société dicte à l’Eglise ce qu’elle doit prôner, quitte à perdre sa finalité – transmettre les enseignements du Christ, fortifier dans la foi, tendre au salut des âmes.

Notes:

1 Matthieu 5,17

2 Jean 8 7

3 Marc 12,33

4 Luc 17,33 

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