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Chablais - M. Frédéric Borloz nous répond

Frédéric Borloz / Cédric CossyOn nous écrit
La Nation n° 2065 3 mars 2017

Monsieur le rédacteur,

Par la présente, je souhaite répondre aux propos publiés dans La Nation du 20 janvier 2017 dans un article de M. Cédric Cossy, intitulé «Nouvelles du Chablais».

En effet, il me semble que l’époque des guerres d’appartenance est révolu et que le Chablais bouge dans le bon sens, quoi qu’en dise l’auteur. Nous lui laisserons la paternité de cette description chagrine de notre région à cheval entre Vaud et Valais. Cependant, nous réfutons sa lecture du projet Chablais Agglo. En effet, un grand nombre d’inexactitudes sont mentionnées dans cet article, aussi est-il indispensable de rectifier les faits et les chiffres relatifs à Chablais Agglo 2.

Les grands axes de ce dossier déposé à Berne fin décembre ne sont-ils pas clairs? Tout lecteur attentif qui feuillette la table des matières saisira au premier coup d’œil que trois axes forts constituent le programme de Chablais Agglo, soit des mesures en faveur 1) du paysage et des environs du Rhône; 2) de l’urbanisation et des cœurs de ville; 3) de la mobilité et des transports publics.

La promotion de la mobilité douce serait-elle «exagérée»? Laissons parler les chiffres: sur les 93 mesures préconisées, seules 16 d’entre elles sont dédiées à la mobilité. De plus, elles présentent un faible coût et concernent majoritairement des périmètres intra-urbains. Précisons que la mobilité douce englobe celle des loisirs et de la vie quotidienne des habitants. Il est erroné de n’assimiler la mobilité qu’à des trajets de travailleurs pendulaires.

La répartition des mesures n’est-elle pas «équilibrée» entre Valais et Vaud? Là encore, c’est la compréhension de la démarche de Chablais Agglo qui fait défaut. Dans ce projet conjoint aux deux rives du Rhône, il ne s’agit pas d’arroser chaque commune avec la même portion de financement. Chablais Agglo vise des investissements là où ils sont nécessaires. Monthey réunit les 35% de la population concernée, il est donc normal qu’un certain nombre de projets s’y concentrent.

Prétendre que «les Valaisans ont la haute main sur le Bureau d’agglomération, organe opérationnel du projet» tient de la pure affabulation, ce bureau étant constitué de deux employés, vaudois et valaisan de surcroît. Examinons plutôt la composition du véritable organe directeur de Chablais Agglo: le Comité de pilotage (COPIL). C’est une entité paritaire, dont le président est un syndic vaudois, secondé par un vice-président valaisan! En outre, à chaque étape décisive du projet, les membres des gouvernements vaudois et valaisan, en l’occurrence Mme la conseillère d’Etat Jacqueline de Quattro et le conseiller d’Etat Jean-Michel Cina, ont été présents et se sont engagés dans cette démarche.

Les mesures d’amélioration préconisées par Chablais Agglo ont subi un tri sévère: il est un peu tard pour s’inquiéter, comme le fait l’auteur, d’un terminal rail-route à St-Triphon, alors que cette variante, étudiée lors des premières esquisses, a été abandonnée, au même titre que des éléments n’ayant pas résisté à l’examen de la faisabilité.

Pourquoi se limiter à «un périmètre de 550 mètres d’altitude»? Les exigences de la Confédération doivent être respectées, afin que l’on ne se retrouve pas avec des zones plaine/montagne hétérogènes et difficiles à coupler. Cependant, le projet ne délaisse pas la desserte des hameaux au-dessus de 550 m, puisqu’elle sera assurée par le bus d’agglomération. Dans le même ordre d’idée, l’augmentation de la cadence des trains de montagne (dont le BVB) appartient à une mesure de mobilité de rang supérieur (Ms4).

L’agglomération du Chablais est le résultat de la volonté inédite de toute une région de prendre son avenir en main. Nous sommes à mille lieues de toute idée de «frontière», comme se plaît à peindre votre chroniqueur. Les six communes concernées de part et d’autre des rives du Rhône ont compris que l’époque est révolue où elles auraient été contraintes d’exercer leurs sphères d’influence les unes contre les autres. Des schémas aussi obsolètes n’ont plus cours: avec Chablais Agglo, nous présentons une démarche commune qui réunit en une seule vision un territoire à gérer harmonieusement afin de favoriser l’habitat, l’emploi et la mobilité.

Pour conclure, le projet d’Agglo repose sur une vision à dix ans. Il n’a pas la prétention de tout régler ni de tout prévoir. Mais il a le mérite indiscutable à mes yeux de concrétiser l’avenir d’une région, au-delà de toutes considérations personnelles, en faveur de la population.

Frédéric Borloz

Syndic d’Aigle,

Président du COPIL Chablais Agglo

 

Notre commentaire

Nous mettons M. Borloz au défi de trouver dans notre descriptif une quelconque incitation à la «guerre d’appartenance» qu’il dénonce. Notre texte ne contient aucune incitation, même déguisée, pour les communes à «exercer leurs sphères d’influence les unes contre les autres». Nous donnons même une explication objective à une répartition des projets favorable à la rive gauche du Rhône, à savoir les mauvaises connexions du Valais aux principaux axes de communications, construits sur la rive vaudoise.

Il n’y a ensuite aucun jugement négatif exprimé au sujet de l’influence plutôt valaisanne du Bureau d’agglomération.

Nous admirons au contraire la ténacité – le chef de projet Georges Mariétan était déjà secrétaire de l’Organe intercantonal de développement du Chablais à sa fondation en 1981 – et la malice de nos amis valaisans à plaider la cause du Chablais pour que celui-ci bénéficie d’abord des aides LIM, puis maintenant des subventions aux agglomérations.

Les près de cent mesures du dossier soumis à Berne restent pour nous une sorte de catalogue à la Prévert des prétentions communales. Nous reconnaissons au projet le mérite de les avoir triées, classées, validées selon la LAT et les plans d’aménagement cantonaux et, enfin, d’avoir établi un échéancier pour leur mise en application. Ce travail est éminemment constructif: notre article reconnaît d’ailleurs la valeur du Comité de pilotage (qu’il soit paritaire ou non est sans importance) pour garantir le maintien de la ligne du projet.

Nous comprenons l’enthousiasme de M. Borloz qui, de par ses fonctions, défend chaque mesure du projet d’agglomération. Nous ne sommes pas tenus à cet enthousiasme; nous maintenons nos doutes sur la praticabilité limitée de la mobilité douce dans le Chablais; concernant le terminal rail-route, la fermeture de la raffinerie, qui fut le deuxième plus gros client de CFF Cargo, a libéré la gare de triage de St-Triphon; est-ce suffisant pour reconsidérer l’option ex nihilo de Monthey sud?

Les seules autorités que nos lignes égratignent sont les autorités cantonales: la renaissance du Chablais moderne répond plus à la négligence des cantons dans les années septante envers leurs périphéries respectives qu’à des raisons historiques. Et, comme fédéraliste, nous portons un regard critique sur la création d’une région forte, dont l’unité s’appuie sur la chasse aux subventions fédérales. La légitimité politique des Etats vaudois et valaisan dans le Chablais évoluera de manière inversement proportionnelle à la montée en force de l’Agglo, ce que nous regrettons.

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