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Trump et le semainier du bobo

Alain Charpilloz
La Nation n° 2065 3 mars 2017

L’aube se lève pour un nouveau jour contre Trump. Sur mon tube de dentifrice, j’ai collé un message d’alerte: «Aujourd’hui plus qu’hier, mais moins que demain, Trump je maudirai. »

Pour chaque jour, j’ai préparé une mimique anti-Trump que j’offre à tous ceux que je rencontre.

Le lundi, je lève les yeux au ciel, comme pour appeler Dieu à l’aide, puis je pousse un profond soupir, en signe de désespoir.

Le mardi, je mets ma main droite sur mon front, puis secoue la tête, en murmurant: «Trump, Trump, Trump.»

Le mercredi, je crie «Trump!» J’écarte les bras, paumes ouvertes dirigées vers le haut, puis je les laisse retomber le long du corps en signe d’impuissance. Je secoue la tête, accablé.

Le jeudi, je demande à chacun:

– Vous savez la dernière imbécillité de Trump?

– Non.

– Moi non plus, mais elle ne saurait tarder.

Le vendredi, me rappelant que ce jour-là Christ est mort pour nous sur la Croix (même pour Trump?), je prends une mine funèbre. Et sur un ton sépulcral, je lâche:

– C’est terrible. J’ai peur pour la Planète.

Le samedi, jour de shabbat, je demande à Yahvé pourquoi il a laissé naître Trump.

Le dimanche, je me regarde dans la glace. J’ai maudit Trump toute la semaine. Je suis très content de moi. Comme Trump.

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