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Les dentistes enrégimentés?

Jean-François Cavin
La Nation n° 2069 28 avril 2017

Inlassablement, M. le conseiller d’Etat Maillard, avec la bénédiction du gouvernement de gauche, progresse dans son grand dessein d’étatisation de l’économie vaudoise de la santé, profitant de toute circonstance pour franchir une nouvelle étape ou préparer la suivante. Suspectait-on des frottements dans les relations du travail au sein des EMS? Il a obtenu un large droit de regard des services officiels sur la gestion du personnel de tous ces établissements dès lors qu’ils sont dits d’intérêt public. Conçoit-on des doutes sur l’opportunité, pour les cliniques privées, de se procurer des équipements techniques de pointe, qui pourraient concurrencer ceux des hôpitaux publics? Il a imposé le contrôle et le rationnement de ces achats par l’Etat – devenu juge et partie – au mépris de la liberté d’entreprendre. Entend-on des rumeurs de dysfonctionnement de la collaboration entre médecins privés opérant à l’Hôpital de la Broye? Voici les praticiens indépendants rattachés aux hôpitaux régionaux menacés d’une sévère mise au pas.

Maintenant, notre imperator de la santé saisit l’occasion fournie par une initiative populaire proposant une assurance obligatoire et largement subventionnée des soins dentaires, qui coûterait quelque 300 millions à l’Etat. Il pourrait en recommander le rejet; il préfère bien sûr présenter un contreprojet moins onéreux (environ 40 millions tout de même) prévoyant:

– l’enrôlement des gynécologues et des pédiatres pour renforcer la détection précoce des risques;

– des examens dentaires gratuits et réguliers dans les écoles (qui existent déjà, mais relèvent des communes; ce n’est donc pas assez sérieux; il urge de cantonaliser les bases de l’organisation);

– le remboursement de 50% des frais dentaires (hors orthodontie) pour tous les enfants jusqu’a 18 ans, quelle que soit la situation financière de la famille;

– des aides financières pour les adultes lorsque les frais dentaires dépassent un certain pourcentage du revenu;

– de nouvelles mesures préventives pour les personnes âgées en EMS ou bénéficiaires de soins à domicile, depuis 65 ans.

On sait que la santé bucco-dentaire dépend fortement de l’hygiène quotidienne. C’est donc un domaine où la responsabilité personnelle importe avant tout. On irait à fin contraire en récompensant la négligence. Il est vrai que la facture du dentiste, occasionnellement, peut se révéler lourde, voire trop lourde pour certains patients. C’est pourquoi on a mis en place, il y a quelques lustres, une aide possible du Fonds cantonal pour la famille, alimenté par les caisses d’allocations familiales, donc par les employeurs. C’était un progrès social, mais trop bien ciblé pour constituer une véritable ? avancée sociale ? selon le gout des Roses-Rouges. Ces derniers sont donc en passe de faire triompher le régime de l’irresponsabilité subventionnée.

Qui donc paiera? Le Conseil d’Etat se tourne, une fois de plus, vers la vache à lait patronale, en proposant un supplément de la cotisation sociale (AF, etc.) sur les salaires; pour la xième fois on nous ressert que cela coûte si peu, ? par salarié occupé, le prix d’un café par mois ?, toujours ce café qui est devenu le symbole des abus du fisc. Mais cela ne suffira pas et le gouvernement pense à taxer d’autres boissons pour se faire du liquide: les boissons sucrées, jusqu’a 30 centimes par litre, perçus auprès des grossistes alimentant les détaillants du Canton. Ces limonades, fussent-elles agréables au goût, ne sont peut-être pas très bonnes pour la santé; la multitude le comprendra, admettra la sollicitude officielle, et le tour est joué. C’est ainsi qu’en salant la note du contribuable, l’Etat se sucre lui-même – mais gare à son obésité!

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