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Dans la soupe…

Le Coin du Ronchon
La Nation n° 2071 26 mai 2017

Maintenant que les élections se sont terminées, aussi mal en France que dans le Canton, nous allons enfin pouvoir recommencer à parler des véritables problèmes qui menacent l’avenir de l’humanité et l’écosystème de la planète. Commençons par le plus urgent: l’invasion des anglicismes dans notre environnement quotidien.

Certains paraissent pourtant tolérables dans la mesure où ils s’adaptent joliment à une prononciation francophone: e-mail, event, challenge, vintage, sans oublier le fier enjoy – qui fait très «vieille France». Quant au fameux sale, qui ridiculise les marchands de fripes qui l’emploient, il a déjà tellement été raillé qu’il en a presque acquis une forme d’insignifiance.

Mais il y en a un qui commence à nous hyper-méga-agacer: le verbe se crasher dont la presse use et abuse avec une sinistre délectation. D’aucuns pourraient renoncer à le condamner puisque le dictionnaire Larousse a la faiblesse de lui accorder une tolérance de mauvais aloi, le considérant comme acceptable pour parler d’un avion qui s’écrase au sol, ou à la rigueur d’un autre véhicule subissant un choc similaire. Mais on trouve désormais aussi des ordinateurs qui se crashent, ou même des politiciens. On voit en outre se répandre un usage transitif et non réfléchi (c’est le cas de le dire) où des pilotes crashent leur appareil – parfois en même temps que leurs poumons. Il arrive d’ailleurs que certains rédacteurs peu familiarisés avec la langue de Shakespeare écrivent «cracher» ou «se cracher», ajoutant le dégoûtant à l’inélégant. Dans le domaine de l’automobile, en tous cas, on devrait éviter la confusion entre un crash-test, qui a trait à la solidité du véhicule, et un crachetest, qui concerne plutôt sa propreté. (A quand des essuie-glaces intérieurs?)

Pour être exhaustif, on signalera que quelques esprits particulièrement multiculturels et plurilinguistiques réussissent à superposer cet anglicisme à un germanisme, en remplaçant la sombre perspective d’un krach par celle d’un crash boursier.

A ce rythme-là, la langue française va finir par s’écraser dans la soupe de l’inculture.

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