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Railleries sur les rails

Le Coin du Ronchon
La Nation n° 2072 9 juin 2017

Tout le monde le sait, nous vivons à l’ère de la communication. Et comme beaucoup de gens pensent ne pas avoir la capacité de communiquer par eux-mêmes, ils s’adressent à des communicateurs.

Mais les communicateurs sont le plus souvent des humains comme les autres. Certains se sont lancés dans ce métier parce qu’ils n’avaient pas les compétences nécessaires pour exercer une activité manuelle. Beaucoup d’entre eux, en tous les cas, brillent par leur absence d’originalité. C’est ce qui nous vaut, par exemple, d’être gavés de messages commerciaux qui utilisent toujours les mêmes grosses ficelles, les mêmes expressions niaises supposées impressionner et convaincre le chaland – et qui n’impressionnent ni ne convainquent guère que de très médiocres personnes (ce qui constitue quand même, il est vrai, un public-cible considérable à défaut d’être admirable). C’est aussi ce qui nous vaut de voir désormais des sites internet qui se ressemblent tous, ayant tous la même structure, le même agencement des rubriques, les mêmes images artificielles, et surtout cette même obsession paternaliste de «rassurer» (sic!) le client en publiant des témoignages de satisfaction qui ne rassurent plus personne puisque l’on pressent qu’ils n’ont rien de spontané.

Et puis, parfois, on trouve quelques rares communicateurs qui sont réellement originaux, différents des autres. Mais voilà: quand on dit de quelqu’un qu’«il est un peu différent», ça peut vouloir dire bien des choses… En l’occurrence, on voit de temps en temps émerger des idées publicitaires originales mais tellement loufoques qu’elles déclenchent aussitôt une avalanche de rires, de moqueries et de plaisanteries. Mais si le but est que le produit soit connu, en bien ou en mal, mais connu, alors c’est réussi.

Les Français ont réussi un joli coup en la matière, en annonçant que leurs trains à grande vitesse ne s’appelleront plus «TGV» mais «inOui». Cette appellation (qui, lorsqu’elle est écrite en majuscules, a la remarquable propriété de pouvoir être lue à l’envers, ce qui sera très utile si un train se renverse, ou pour les voyageurs qui en seraient tout retournés), cette appellation, donc, est censée s’accorder avec d’autres noms déjà utilisés par les chemins de fer français: «Ouigo» et «Ouibus». Cela permettrait de transformer le trajet en TGV en une «expérience de voyage». (Là, on abandonne toute originalité pour retrouver le jargon utilisé par 100% des communicateurs.)

Bref, nos voisins hexagonaux se sont tordus de rire: Oui-Oui, c’est inouï! Les Vaudois enchaîneront: Ouin-Ouin pour vos voyages en train! Les dirigeants de la SNCF ont déclaré qu’ils s’attendaient parfaitement à ces réactions, que tout était prévu, et que de toute façon le nouveau nom avait été choisi par les clients eux-mêmes. Vraiment? Est-ce à dire qu’aucun communicateur n’a été engagé pour cela?

Pour ce qui nous concerne, si on nous avait demandé notre avis, nous aurions répondu «non». Ça ferait aussi joli sur un train, non?

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