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Le sacro-saint mépris du fédéralisme

Félicien Monnier
La Nation n° 2073 23 juin 2017

En 2013, le conseiller national UDC zougois Thomas Aeschi a demandé par postulat au Conseil fédéral d’établir un rapport sur la nécessité ou non de légiférer sur le thème des signes d’appartenance religieuse. Cette manière de faire est prudente et doit être saluée. M. Aeschi a demandé un rapport avant de demander un projet de loi. Tous n’ont pas cette délicatesse. 

La conclusion du Conseil fédéral à ce propos aussi doit être saluée. Ainsi termine-t-il son rapport de vingt-trois pages au postulat Aeschi: «En Suisse, la conception fédéraliste actuelle du droit en matière religieuse fait que les cantons sont libres d’élaborer leurs propres réglementations en matière d’affichage et de port de symboles religieux, dans le respect de la liberté de conscience et de la liberté de croyance garanties par la Constitution. Convaincu que cette situation est préférable a? une réglementation nationale uniforme, le Conseil fédéral renonce a? proposer au Parlement un dispositif légal.»1 Un rédacteur de La Nation aurait pu signer cela.

Un député réputé ambitieux témoignant de prudence, un Conseil fédéral exemplairement fédéraliste… Admettons que nous n’étions plus vraiment habitués à cela. 

Malheureusement, à l’heure de décrire l’avis du Conseil fédéral, Florent Quiquerez, journaliste à 24 heures affirme que le collège «s’en remet au sacro-saint fédéralisme»2. C’était trop beau pour être vrai. Comment avions-nous pu oublier le mépris inné de certains journalistes pour le fédéralisme? Il s’est rappelé à nous par l’une de ces formules toutes faites qui parsèment la grande presse et dessinent, par petites touches condescendantes, son orientation politique générale: centralisatrice et étatiste. L’usage récurrent de telles expressions remet en cause sa crédibilité lorsqu’elle vante, ou laisse vanter, les bienfaits des souverainetés cantonales. Cela est bien dommage.

Notes:

1  Présence et port de symboles religieux dans les bâtiments publics, Rapport du Conseil fédéral du 9 juin 2017 donnant suite au postulat 13.3672, Aeschi, 10.09.2013.

   Ce rapport est extrêmement intéressant. Il établit une synthèse détaillée des questions liées aux symboles religieux dans l’espace public en Suisse. Il est disponible à l’adresse: https://www.ejpd.admin.ch/dam/data/bj/aktuell/news/2017/2017-06-09/ber-br-f.pdf

2  «Pas besoin de légiférer sur le crucifix ou le voile», 24 heures des 10-11.06.2017.

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