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Pierre Maudet, un vainqueur de Condorcet?

AMD
La Nation n° 2079 15 septembre 2017

Pierre Maudet n’est paraît-il pas le favori de la prochaine élection au Conseil fédéral. Selon le théorème de l’électeur médian, il existe pourtant une probabilité assez forte pour que le conseiller d’Etat genevois remporte cette élection. Cette assertion mathématique énonce que si les préférences des électeurs sont unimodales, la médiane des points préférés par les électeurs constitue un vainqueur de Condorcet.

Dans son Essai sur l’application de l’analyse à la probabilité des décisions rendues à la pluralité des voix paru en 1785, le Marquis de Condorcet développe un système de vote dans lequel l’unique vainqueur, s’il existe, est le candidat qui, comparé tour à tour à tous les autres candidats, serait à chaque fois le candidat préféré des électeurs. Le candidat désigné gagnant par la méthode de Condorcet est appelé vainqueur de Condorcet.

Ce théorème explique pourquoi les partis politiques tendent vers le centre et pourquoi la démocratie préfère souvent les solutions médiocres. L’économiste Pierre Lemieux décrit ce phénomène comme « une tyrannie de la minorité d’extrême-centre »1. Ce théorème est également utilisé pour des prévisions électorales. L’analyse spatiale du vote avait, par exemple, permis de prédire l’élection du président Macron qui est une illustration récente d’un vainqueur de Condorcet.

La procédure d’élection au Conseil fédéral pourrait ainsi être favorable à Pierre Maudet, car il est plus proche de l’électeur médian que ses rivaux, Isabelle Moret et Ignazio Cassis. Sa campagne rassembleuse – menée avec le dynamisme et l’efficacité qui le caractérisent – permettra de maximiser «l’aspiration» des voix au centre de l’échiquier politique. L’électeur médian a intérêt à voter pour un candidat qui ne fera pas basculer une majorité de Conseil fédéral trop à droite. Pierre Maudet est aussi le candidat qui politiquement «ressemble» le plus au conseiller fédéral démissionnaire, Didier Burkhalter. L’électeur médian opte en principe pour le candidat qui apportera le plus de stabilité.

Dans cette perspective, M. Maudet serait vraisemblablement l’option «par défaut» préférée par le Parlement à toutes les autres options prises une par une selon la règle majoritaire. D’une manière plus cynique, on pourrait dire que si l’Assemblée fédérale estime que Pierre Maudet est le moins pire des candidats, alors celui-ci devrait être élu. Il ne s’agit ici que d’un pronostic basé sur une analyse probabiliste purement rationnelle qui ne tient pas compte des nombreux autres facteurs dans une élection au Conseil fédéral (sexe, âge, origine cantonale, etc.). Verdict le 20 septembre.

Notes:

1  Pierre Lemieux, L’économie des défaillances de l’Etat, 2008.

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