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Catéchisme

Laurent et Vincent Paschoud
La Nation n° 2082 27 octobre 2017

Notre époque se passionne à tel point pour les questions de méthode qu’elle en finit presque par oublier que les méthodes sont des moyens et n’ont de sens que dans la mesure où elles permettent à l’enseignant de transmettre sa matière.

Ainsi, dans les débats actuels au sujet du catéchisme de l’Eglise évangélique réformée vaudoise, on en est venu à ne pratiquement plus parler du fond pour se concentrer sur les seules questions formelles.

Nos deux jeunes collaborateurs ont choisi l’option inverse. Avec raison : la question, importante, de la méthode est seconde. Le quoi précède le comment.

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Dans le précédent article1, nous avions abordé les questions des motivations à parler du catéchisme et des sources de la connaissance de Dieu. Cette fois, nous parlerons de la connaissance de Dieu, de celle de l’homme et de la morale.

De la connaissance de Dieu

Le catéchumène devrait savoir que Dieu est le créateur de toute chose tant matérielle que spirituelle. En soi, le mal n’existe pas. C’est une absence de bien, de sorte qu’on ne peut pas dire que Dieu a créé le mal sous quelque forme que ce soit. Le mal vient de la volonté de l’homme, de son éloignement de Dieu.

Dieu est omniscient et omnipotent. Il sait tout et nous ne pouvons pas comprendre tout ce qu’Il peut faire. Il est également Amour, Justice… Il nous paraît important de préciser l’amour et la justice, afin que nul ne puisse imaginer qu’il n’est pas aimé de Dieu, ni qu’il n’y ait d’injustice qui ne soit réparée par Dieu.

Qu’est-ce que Dieu nous a révélé de sa personne en elle-même? Il est un Dieu unique. Pourtant, Il est Père, Fils et Saint-Esprit. L’homme ne peut pas définir cet état de fait, mais la philosophie peut nous aider à formuler ce mystère; cela reste néanmoins une expression humaine et elle ne contient pas toute la vérité. La formulation des Pères est qu’il y a trois personnes et une nature divine.

Le Fils nous a révélé qu’Il était Seigneur, donc Dieu, et pourtant il est né d’une vierge et a souffert. La leçon du concile de Chalcédoine est que le Christ est vrai homme et vrai Dieu; une personne avec deux natures et deux volontés, sans confusion entre les natures. Il est mort pour nos péchés, Lui qui n’en n’avait aucun, a vaincu la mort par sa résurrection et sauve par là les pécheurs. Il convient de préciser qu’étant Dieu et homme, Il est le trait d’union, le médiateur, entre l’humanité et Dieu et que c’est en cela qu’Il nous sauve efficacement.

De la connaissance de l’homme

Le catéchumène devrait apprendre quelle est la conception des Pères de l’Eglise du péché originel, puisqu’elle a été importante aux débuts de la Réforme. C’est le péché du premier homme, qui a mis sa confiance en lui-même plutôt qu’en Dieu. Tenté par Satan, il n’a pas respecté la volonté de Dieu. C’est pourquoi il a été déchu et expulsé de l’Eden.

Le seul moyen pour lui de retrouver la communion avec son Créateur est d’accueillir la grâce gratuite de Dieu qui change les cœurs de pierre en cœurs de chair. Il y a une coopération entre le libre arbitre et la grâce pour que l’homme soit bon. On n’est contraint par Dieu ni dans le bien, ni dans le mal. Nous sommes tous pécheurs et même avec la grâce nous restons soumis à nos passions, mais nous sommes pardonnés et aidés à faire le bien.

Le Christ étant vraiment homme, Il a participé aux imperfections humaines: ignorance, croissance, tentation. Les seules différences sont que Jésus n’a pas cédé à la tentation. Il fut en tous points homme comme les autres, alors qu’en même temps Il était Dieu

De la morale

Il faudrait enseigner aux catéchumènes que les péchés sont ce qui nous détourne de Dieu. L’Ancien Testament offrait un grand nombre de prescriptions à suivre scrupuleusement. Cependant, la lettre tue et l’esprit vivifie. Ce ne sont pas les œuvres mais la foi qui sauve. Il serait déraisonnable d’écrire un corpus désignant tous les actes à faire ou à ne pas faire pour être sauvé. Pour être sauvé, il faut croire et se laisser guider par l’Esprit. Evidemment, il ne faudrait pas en conclure que la lecture de la Bible en deviendrait superflue, Jésus n’est pas venu abolir la loi mais l’accomplir. De plus, il n’est pas si facile de «sentir» l’Esprit de Dieu, et l’étude des Ecritures aidera à discerner le péché que Satan nous fait subrepticement concevoir. Le choix de l’action reste entre les mains de l’homme. Les prescriptions morales de l’Ancien Testament restent d’actualité, mais il faut les interpréter à la lumière du Nouveau Testament et de l’Esprit. La lapidation de la femme adultère est révolue, par exemple.

Les actes ne sauvent pas. Ce qui signifie également qu’une erreur ne nous damne pas. Errare humanum est, sed perseverare diabolicum. Identifier ses péchés est le premier pas vers le salut. Il faut tendre à se corriger. La grâce et le pardon de Dieu feront le reste.

Le dernier point est de rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. Les préceptes qui concernent le comportement d’individus envers d’autres individus ne nous renseignent pas sur ce que l’on doit faire quant à la politique. L’obéissance à l’autorité est prescrite car l’autorité est instaurée par Dieu – thème qui mériterait des développements particuliers.

Notes:

1  La Nation n° 2077, 18 août 2017.

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