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La naturalisation: affaire d’intégration ou d’assimilation?

Denis Ramelet
La Nation n° 2104 31 août 2018

Fin juillet, informée par une fuite, la presse révélait qu’un couple de candidats à la naturalisation, selon toute vraisemblance musulmans, auditionnés ce printemps par la commission de naturalisation, avait créé le malaise lors de l’audition en refusant de serrer la main des personnes du sexe opposé et en répondant avec réticence aux questions posées par les personnes du sexe opposé.

La population lausannoise et vaudoise s’en est émue et, le 17 août, la Municipalité de Lausanne annonçait avoir, dans sa séance de la veille, pris la décision de refuser l’octroi la bourgeoisie communale au couple en question, ce qui bloque le processus de naturalisation. Dans son communiqué1, la Municipalité prétend que la décision formelle du 16 août ne fait qu’entériner une décision de principe prise le 5 juillet déjà, soit avant la fuite dans la presse…

Volant au secours du couple débouté, la conseillère nationale socialiste Ada Marra déclare (24 heures du 18 août): «On décide que la poignée de main est un critère d’intégration. La question est de savoir où cela va s’arrêter. Peut-on refuser la nationalité à une personne qui est contre l’avortement, sous prétexte que c’est un droit fondamental en Suisse?»

Outre le fait que l’avortement n’est pas un droit fondamental garanti par la Constitution mais seulement un acte déclaré «non punissable» dans certaines circonstances (art. 119 du Code pénal), cet exemple n’est pas très bien choisi, car notre couple de musulmans non libéraux est très vraisemblablement contre l’avortement, comme le sont les catholiques fidèles au magistère (Catéchisme de l’Eglise catholique, § 2270 et suivants), la plupart des évangéliques et une partie des réformés.

Personne ne force quiconque à demander la naturalisation. Si une personne, d’où qu’elle vienne, est en profond désaccord avec une partie plus ou moins importante de nos mœurs malgré un long séjour parmi nous, il serait logique qu’elle renonce à se faire naturaliser. Ce renoncement pourrait même avoir une valeur de témoignage, par exemple si cette personne renonçait à la naturalisation précisément pour le motif que, dans notre pays, l’avortement est autorisé pour des motifs autres que la mise en danger de la vie de la mère.

Plus fondamentalement, il est absolument indispensable pour la survie à long terme de n’importe quelle communauté politique de mettre comme conditions à la naturalisation non seulement la bonne intégration, mais encore le commencement d’assimilation du candidat. En effet, la bonne intégration, légitime seulement l’autorisation de résider. Sous peine de voir son identité se diluer avec le temps, toute communauté doit exiger des candidats à la naturalisation qu’ils aient entamé le processus d’assimilation, qui se poursuivra après la naturalisation et s’approfondira chez leurs descendants.

Quelle est la différence entre la personne qui est seulement bien intégrée et celle qui est plus ou moins assimilée? La personne bien intégrée se contente de fonctionner socialement sans poser de problème. La personne plus ou moins assimilée devient elle-même assimilatrice, dans la mesure de son assimilation. La personne en voie d’assimilation transmet elle-même les mœurs dont elle s’imprègne progressivement. C’est à cette condition qu’une communauté peut s’agréger des allogènes tout en conservant son identité sur le long terme.

Notes:

1  http://www.lausanne.ch/agenda-actualites/actualites/actualites-municipales.html?actu_id=47900

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