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Trump: le thermomètre de la gauche

Alain Charpilloz
La Nation n° 2116 15 février 2019

Pour démontrer que vous êtes un intellectuel de gauche, rien de plus simple: il suffit de passer le «test Trump», qui est une sorte de thermomètre de votre gauchitude.

Tout est dans la façon de dire: «Trump». La position idéale est de prononcer le «p» avec le centre de la bouche en avant, comme pour un crachat ou un pépin de citron tombé dans la sauce et qu’on expulse. Simultanément, il faut faire tomber les commissures des lèvres en signe de mépris. Sur l’ensemble du visage doivent s’inscrire l’indignation, le dégoût et l’accablement. Vous pouvez (c’est un plus) lever les yeux au ciel. Mais surtout pas au Ciel, car le ciel n’existe plus qu’avec une minuscule pour un vrai intellectuel.

Mais revenons à l’indignation d’abord, car la seule existence d’un être tel que Trump est un scandale en soi. Qu’il soit devenu président des Etats-Unis est à la fois logique et insupportable, puisque ce pays, qui a le tort d’exister, élit soit des monstres qui veulent détruire l’humanité en baissant les impôts des riches, soit des sauveurs de ladite humanité (ou ce qu’il en reste après le passage des premiers).

Ôôô-Bââ-Mââ! Là , il est préconisé de psalmodier.

Le dégoût est la suite logique de l’indignation. Tout est dégoûtant chez Trump: ses cheveux, sa bouche, ses yeux, son mur, ses milliards. Qu’il soit une créature à l’image de Dieu prouve définitivement que Dieu n’existe pas. Il vaut d’ailleurs mieux pour lui. Trump, c’est la Bête immonde, presque pire que Blocher.

L’accablement enfin. Car il ne faudrait pas suggérer que le règne de Trump est un mauvais moment à passer. C’est infiniment plus grave que ça. Non seulement le monstre risque d’être réélu, (avec des sous-hommes tels que les Ricains, il faut s’attendre à tout), mais sa malfaisance contamine le monde entier, voire le Brésil.

Être indigné, dégoûté et accablé, c’est donc la moindre des choses

Ces trois éléments visent Trump lui-même, bien sûr, mais au-delà de lui, «l’Amérique de Trump», celle des gros lards qui rotent leur bière avec des résidus de cheeseburger entre les molaires et pincent les fesses de la serveuse en écoutant du folk évangélique. C’est l’Amérique raciste, sexiste, xénophobe, brutale, inculte (elle confond la Suisse et la Suède) et ennemie des impôts.

Alain Finkielkraut dit sobrement, en haussant les épaules: «Je crois que Trump est un gros con!» Il démontre par là qu’il n’est pas un intellectuel de gauche. Alain, vous avez raté le «test Trump». Il faut vous ressaisir et vous exercer devant un miroir. Vous verrez, en se donnant de la peine, on y arrive très bien.

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