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Trains de nuit

Jean-François Cavin
La Nation n° 2117 1er mars 2019

L’avion polluant beaucoup, il est question de rétablir les trains de nuit pour des trajets entre les grandes villes d’Europe continentale. La concurrence aérienne, qui réduit de moitié la durée des trajets vers Rome, Amsterdam ou Vienne, a eu raison d’une offre obsolète.

Il faut convenir que l’assoupissement dans les bras du Morphée ferroviaire restait le privilège d’une jeunesse au sommeil inébranlable. Pour elle, la couchette faisait bien l’affaire, au prix de quelques brinquebalements et après d’aimables négociations, si le train partait pour l’Italie, avec une famille encombrée de valises obèses et artistiquement sanglées, de paniers de provisions, du berceau du dernier-né, le tout débordant de l’espace congru du compartiment: ça vous met dans l’ambiance méditerranéenne. Départ de Lausanne en fin de soirée et, les yeux encore embués de sommeil, miracle matinal: Venise dans l’aurore rose; depuis le quai de gare, juste quelques marches à descendre face au Grand Canal, un saut dans le vaporetto, et la féerie commence!

Avec l’âge, on dort moins bien. Même en passant du wagon-couchette au wagon-lit, on cherche vainement le sommeil durant cent kilomètres. On compte les aiguillages. Entre deux piètres somnolences, on sent que le convoi s’arrête; serait-ce dans une grande ville à mi-parcours? On cherche un écriteau dans le noir du paysage; on finit par déchiffrer le nom d’une petite gare inconnue, où il faut attendre un quart d’heure le croisement d’un très long train de marchandises, ba-da-dam, ba-da-dam, ba-da-dam. Abattu de fatigue, vous dormez deux heures puis, dans l’attente du jour, vous aspirez de tout votre être à un café réparateur; au mieux, on vous servira une lavasse à la chicorée.

La renaissance des trains de nuit serait une bonne chose à condition qu’ils gagnent en confort, roulent vite et offrent un bon café, à l’aube des vacances.

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