Identification
Veuillez vous identifier

Mot de passe oublié?
Rechercher


Recherche avancée

Nourriture constitutionnelle

Emérentienne Pasche
La Nation n° 2129 16 août 2019

Dans le 24 heures du 30 juin dernier, le conseiller national Laurent Wehrli (PLR/VD) affirme qu’ «il faut donner aux jeunes les savoirs indispensables pour se nourrir, prendre plaisir en s’alimentant, sans conséquences négatives pour leur bien-être». L’initiative parlementaire fédérale «Jeunesse + goût» a été déposée avec le soutien de cinquante-cinq élus. Elle a pour but d’inscrire l’enseignement de l’alimentation dans la Constitution fédérale au même titre que l’enseignement de la musique et du sport en y ajoutant l’article 67b Formation à l’alimentation1. Tout en prétendant respecter les compétences des cantons, le texte souhaite forcer l’harmonisation pour l’enseignement de l’alimentation. Permettez-nous de rester perplexe. L’argumentaire met en avant des raisons écologiques et sociales, mais ne donne aucun exemple de mesure concrète.

Mettre l’éducation nutritionnelle et celle de la musique ou du sport au même niveau ne paraît pas très opportun. Comme le souligne M. Olivier Maradan, secrétaire général de la Conférence latine des directeurs cantonaux de l’instruction publique, cela impliquerait des heures supplémentaires, au détriment des disciplines fondamentales. Ou alors, cela alourdirait la grille horaire et augmenterait les coûts. Mais surtout, l’éducation nutritionnelle figure déjà dans le plan d’études pour les trois cycles de l’école obligatoire.

Selon les initiants, ces mesures ne sont pas mises en œuvre de façon égale dans les différents cantons, particulièrement dans les cycles 1 et 2. Les enseignants ne seraient de surcroît pas suffisamment formés à cette matière. Toutefois, le conseiller national UDC Yves Niedegger l’avance, l’alimentation est en premier lieu une affaire privée, intimement liée à la culture familiale. Elle fait partie de l’éducation donnée par les parents. Par ce genre d’initiative, la Confédération détient de plus en plus de compétences en matière d’éducation. Une telle centralisation déresponsabilise les parents. Se laissant déchoir de leurs obligations éducatives, ils font peu à peu de leurs enfants ceux de l’Etat.

Notes:

1  La Constitution fédérale du 18 avril 1999 est complétée comme suit:

   Art. 67b (nouveau) Formation à l’alimentation

  1. La Confédération et les cantons encouragent la formation à l’alimentation, en particulier des enfants et des jeunes.

  2. Dans les limites de leurs compétences respectives, la Confédération et les cantons s’engagent à promouvoir à l’école un enseignement de l’alimentation. Si les efforts des cantons n’aboutissent pas à une harmonisation des objectifs de l’enseignement de l’alimentation à l’école, la Confédération légifère dans la mesure nécessaire.

Vous avez de la chance, cet article est en accès public. Mais La Nation a besoin d'abonnés, n'hésitez pas à remplir le formulaire ci-dessous.
*


 
  *        
*
*
*
*
*
*
* champs obligatoires
Au sommaire de cette même édition de La Nation: