Identification
Veuillez vous identifier

Mot de passe oublié?
Rechercher


Recherche avancée

Tell Rochat, peintre (1898-1939)

Jean-Blaise Rochat
La Nation n° 2129 16 août 2019

Le 8 juin passé avait lieu à la galerie d’art L’Essor au Sentier le vernissage de l’exposition consacrée à Tell Rochat, peintre décédé il y a bientôt huitante ans. Les œuvres exposées faisaient voir l’intégralité du parcours de l’artiste, commenté par des panneaux explicatifs très documentés et d’une lisibilité parfaite. On regrettera seulement que cette exposition n’ait duré que trois semaines. Heureusement, le vernissage concernait aussi un superbe album signé Loïc et Lucie Rochat consacré à la vie et l’œuvre de ce peintre un peu oublié hors de La Vallée.

C’est une destinée singulière que celle de ce natif d’une ferme isolée, située entre la Dent de Vaulion et Le Pont. Son premier métier, bûcheron, il continue à l’exercer par intermittence une bonne partie de sa courte existence. Mais rien ne peut faire obstacle à sa précoce vocation d’artiste peintre qu’il poursuit avec ténacité. A une époque où les Combiers sont peu enclins aux grands voyages, il parcourt l’Italie, la France, l’Espagne, les Pays-Bas, toujours dans le dessein de se perfectionner, après de courtes études à Lausanne. A Paris, il devient l’élève d’André Lhôte qui a une fugace influence sur son disciple, en particulier visible sur une très belle huile grand format Café en plein air de 1928. Pour le reste, il suit sa propre voie, en autodidacte.

Ses portraits sont empreints d’une douce gravité, signe d’une nature portée à l’introspection. Beaucoup d’autoportraits soulignent cette tendance. Mais son terrain de prédilection reste le paysage, avec l’omniprésence des arbres: là est son originalité. Le feuillage est soumis à un traitement vigoureux, souvent par touches épaisses qui, dans les cas extrêmes, font penser à certains expressionnistes germaniques, comme Gerstl.

Atteint d’un lourd diabète, Tell Rochat doit quitter ses montagnes pour s’installer en plaine, à Villars-sous-Yens. Les toiles de cette période (1933-1939) sont consacrées aux paysages et aux travaux des champs, avec toujours l’omniprésence des arbres. L’atmosphère qui s’en dégage peut rappeler les photographies de Gustave Roud, elles aussi porteuses du souvenir poétisé d’un monde disparu.

A la fin de la décennie, sa santé se dégrade et il meurt après une courte hospitalisation à l’hôpital cantonal le 16 novembre 1939. Il avait 42 ans.

Référence:

   Loïc et Lucie Rochat, avec la collaboration de Philippe Kaenel et Walter Tschopp, Tell Rochat (1898-1939), Neuchâtel, Editions Alphil, 2019, 364 p. (29cm x 25cm, reliure cartonnée, jaquette à rabats, plus de 300 reproductions fidèles. 50 CHF)

Vous avez de la chance, cet article est en accès public. Mais La Nation a besoin d'abonnés, n'hésitez pas à remplir le formulaire ci-dessous.
*


 
  *        
*
*
*
*
*
*
* champs obligatoires
Au sommaire de cette même édition de La Nation: