Défense des raviolis

Le Parti socialiste a fait placarder des affiches grand format portant le texte suivant:

«QUAND LES PRIMES AUGMENTENT PLUS VITE QUE LE SALAIRE – Alléger le poids des primes maladie – votez PS le 20 octobre.» Le texte est accompagné de l’image de raviolis en sauce tomate dans une boîte de fer-blanc. L’idée est probablement de montrer à quelle misère alimentaire sont réduits les ménages.

Nous protestons! Les raviolis sont une nourriture délicieuse. On en trouve non seulement en boîte, mais aussi en appétissants sachets. Ils sont tantôt farcis de la traditionnelle viande hâchée, tantôt de ricotta et d’épinards, ou encore de pâte de champignons, et j’en passe. Même la haute gastronomie s’y intéresse, avec des entrées sophistiquées; mon ami Roger s’en était fait servir dans un restaurant huppé; la farce était aux truffes et il y avait, au centre de l’assiette, une seule pièce; si bien qu’il disait avoir dégusté avec délice ce... raviolo. Etant de goût simple, je donne ma préférence au classique: dans le fer-blanc de mon enfance, les raviolis à la viande en sauce tomate, d’une saveur assez moyenne pour qu’on puisse la corser à sa guise (paprika, ail, poivre, herbes aromatiques), d’une consistance assez moyenne aussi pour qu’on puisse y ajouter un filet de vin ou l’épaissir d’un peu de crème. C’est fameux.

L’Association suisse des producteurs de raviolis, si elle existe, se doit de pourfendre le parti à la rose; si elle n’existe pas, elle doit se former pour la circonstance et confier son secrétariat à l’institution siégeant à Paudex qui sait veiller aux intérêts légitimes des corporations.

Quant au Parti socialiste, avec ses raviolis aux tomates, s’il vise à nous dégoûter de la couleur rouge, il a réussi.