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Le carabinier vaudois et son sens de la survie

Edouard Hediger
La Nation n° 2135 8 novembre 2019

Le 9 octobre dernier, le bataillon de carabiniers 1 a remis son drapeau à la maison du Général Guisan à Pully, sous ce que d’aucuns appelleraient un temps d’infanterie, marquant ainsi la fin du cours de répétition 2019. Du 16 septembre au 11 octobre, les carabiniers ont remis à jour leur savoir-faire de fantassin, entre l’Emmental bernois et l’Aéroport de Genève, dont ils devaient assurer la sécurité lors d’un exercice d’une semaine.

Descendant de la compagnie franche d’Aigle créée en 1751, rassemblant les meilleurs tireurs de la région, le bataillon vaudois a tant bien que mal traversé 270 ans d’histoire militaire suisse, la chute de l’Ancien Régime et la Révolution, la création de l’Armée fédérale, deux mobilisations générales, la motorisation, l’enrégimentement, l’embrigadement et depuis 2018 l’endivisionnement. Il a survécu à des commandants valaisans ou même jurassiens, mais surtout aux différentes réformes de l’armée, dont nous avons perdu le compte!

Réputé et souvent envié, le carabinier vaudois doit sa survie aux traditions transmises par ses anciens, qu’il se plaît à entretenir même hors service. Son abbaye des officiers rassemblant bleus et vétérans, ses fanions de compagnie incarnant chacun un esprit de corps bien affirmé, sa société militaire, son jargon, ou encore sa manière de trinquer l’index levé en «1», sont autant de symboles de la culture et de l’esprit de corps du bataillon. Lorsque, servant loin de chez lui, le carabinier a le mal du Pays, il trouvera toujours un moyen détourné (généralement récolté en septembre dans le Dézaley ou sur les Côtes de l’Orbe) pour passer quelques heures en terres vaudoises. Le carabinier vaudois est fier d’entretenir ces particularismes que la centralisation militaire n’a pas réussi à uniformiser et se plaît à se gausser des fusiliers ou même de ses camarades carabiniers genevois. Finalement, si le bataillon a survécu si longtemps et à tant de réformes, c’est peut-être aussi parce qu’il a vu passer des générations de jeunes soldats devenus par la suite politiciens, conseillers fédéraux ou encore chefs de l’armée et parce que ces autorités civiles et militaires se sont prises à apprécier l’esprit du carabinier.

Le bataillon est aujourd’hui le plus ancien corps de troupe de l’armée, le dernier bataillon d’infanterie du Pays de Vaud et ses 900 hommes sont encore majoritairement recrutés dans le Canton. Reste à savoir s’il survivra au service civil…

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