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Le référendum des communes serait un instrument de premier ordre pour l'Union des Communes vaudoises

Olivier DelacrétazEditorial
La Nation n° 1808 13 avril 2007
Les Vaudois voteront le 17 juin sur «La Parole aux Communes». Le Conseil d’Etat a proposé de rejeter cette initiative et le Grand Conseil l’a suivi. On pouvait s’y attendre. Les autorités politiques n’aiment pas la démocratie directe. Que le peuple puisse les contrôler leur semble une inconvenance… lors même qu’elles ne trouvent pas assez de mots pour louer la clairvoyance de ce même peuple quand il les élit.

L’Union des Communes vaudoises a décidé de rester neutre dans cette affaire, ne voulant pas porter atteinte aux relations qu’elle entretient actuellement avec l’Etat. Nous croyons que c’est une erreur. Le référendum des communes n’a pas pour but d’affaiblir l’Etat, mais au contraire de combler un manque dans son équilibre général.

L’Etat de Vaud est un Etat à la française, traditionnellement centralisateur. Cette tendance est renforcée par l’existence d’une administration aussi pléthorique que vétilleuse, qui croît pour elle-même et échappe en partie au contrôle du politique. Cette pesanteur centralisatrice n’a pour le moment pas trouvé un contrepoids de force équivalente.

Nos autorités ont pris l’habitude de confier la résolution des problèmes politiques à des experts très compétents dans les limites de leur domaine. Ceux-ci conçoivent en vase clos des systèmes d’une grande logique interne, mais qui ne tiennent aucun compte de ce qui existe, des efforts en train, des expériences du terrain, des problèmes résolus. Quoi qu’on pense de la nécessité d’une police unique, tout le monde admet que le projet «Police 2000» avait peu d’ancrage dans la réalité et qu’il sous-estimait les problèmes humains de sa mise en place. L’«autonomisation» du Service des Automobiles et de la Navigation, là de nouveau quoi qu’on en pense sur le fond, a été mise sur pied sans consultation réelle des professions concernées. La volonté du Département de la Formation et de la Jeunesse – exprimée d’une façon feutrée mais qui n’en est pas moins absolue – de supprimer les classes des villages procède elle aussi de cet autisme technocratique. Les réactions, parfois vives, des communes sont considérées par les «chefs de projet» comme l’expression de leur incapacité d’aller de l’avant. C’est en fait la réalité niée et méprisée par les faiseurs de systèmes et d’organigrammes qui se rebiffe à travers les communes.

Enfin, il faut souligner le déséquilibre cantonal causé par l’attraction de la capitale vaudoise sur le reste du territoire, déséquilibre aggravé par le poids démographique et financier de l’arc lémanique. L’Etat peine à traiter équitablement toutes les parties du Canton, on le voit avec le frein posé à la construction dans ce qu’il est convenu d’appeler «l’arrière-pays» – dénomination manifestant à elle seule l’ampleur des préjugés de l’officialité par rapport à tout ce qui est éloigné de Lausanne. Là aussi, les communes tirent en sens inverse. Elles occupent et desservent le territoire jusqu’à ses confins. Il n’est pas de mètre carré qui ne soit, grâce à elles, habité et cultivé.

Contrepoids aux pesanteurs centripètes de l’Etat de Vaud, affirmation de la réalité contre le système et de la durée face aux modes, humanisation du territoire dans ses moindres recoins, les communes protègent l’Etat contre ses propres fatalités. Elles l’empêchent de s’enfermer en luimême et de s’engorger. Elles rappellent à ses services qu’il y a une vie sous les organigrammes. Ce rôle crée inévitablement des tensions, mais ce sont des tensions saines et naturelles dont l’Etat ne peut que profiter.

Or, ce rôle essentiel des communes dans l’économie politique du Canton, elles n’arrivent plus à l’assumer pleinement. Leur pouvoir ne cesse de se réduire. Les instruments traditionnels de la consultation et du référendum populaire sont devenus insuffisants. Ils doivent être complétés. Un OUI le 17 juin prochain redonnerait leur place et leur rôle aux communes.

Il n’y aurait rien d’inamical à l’égard de l’Etat à ce que l’Union des Communes vaudoises soutienne le référendum des communes. Le fait qu’elle ait établi des relations personnelles sympathiques avec les représentants de l’Etat est sans doute une bonne chose. Mais les choses peuvent changer. Il faut voir à long terme, ne pas exclure que la prospérité s’éloigne à nouveau du Canton et que les pressions financières et institutionnelles redeviennent insupportables. Pourquoi se priver d’un instrument qui aura tôt ou tard son utilité dans la défense des intérêts communaux?

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