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Après le 500e anniversaire de la Réformation

Yves Gerhard
La Nation n° 2084 24 novembre 2017

L’année du 500e anniversaire de la Réformation s’achève. Nombreuses et variées ont été les manifestations qui l’ont marquée. Expositions, cultes spéciaux, pièces de théâtre, etc. l’ont ponctuée depuis un an, avec une variété étonnante. Il est impossible d’en dresser la liste. Nous soulignerons néanmoins deux événements théâtraux qui ont remporté un très vif succès parfaitement mérité: le spectacle «Luther à table» dans lequel trois acteurs, représentant les diverses facettes de la personnalité du réformateur, partageaient une choucroute et des propos pour le moins non conformistes; et «Painting Luther», de la Compagnie de la Marelle, qui propose encore quelques représentations en décembre et en janvier.

La radio et la télévision se sont intéressées à l’événement et ont produit des reportages de qualité. L’anniversaire n’a pas passé inaperçu. Ce fut aussi l’occasion de rappeler tout ce que la Réforme protestante avait apporté à la civilisation occidentale: goût du travail bien fait, responsabilité personnelle face à la vie, liberté dans des choix assumés, développement de l’instruction, études savantes et commentaires sur les textes bibliques, œuvres musicales, recherche scientifique, etc.

On a moins souvent mentionné les guerres, exactions, divisions politiques et tensions entres Eglises rivales que le mouvement réformé et la réaction catholique ont causées jusqu’au XXe siècle dans tous les pays européens. Gardons à l’esprit ce bilan contrasté.

Et après cette année 2017? A notre époque de mixité religieuse, de scepticisme ambiant et de fanatisme, les Eglises auraient tort de laisser le soufflé retomber. L’intérêt que les médias ont manifesté à l’égard du protestantisme devra être maintenu. Et ce n’est pas sans une certaine malice que frère Aloïs de Taizé, présent à la Cathédrale dimanche 5 novembre, a déclaré: «Il faut maintenant se demander ce que nous devons à l’Eglise catholique.» Puis il a affirmé: «Tout ce que nous pouvons faire sous le même toit, faisons-le sous le même toit.»

Le mouvement œcuménique continue à produire ses effets; dans le Canton, les Eglises réformée et catholique collaborent harmonieusement sans doute, mais tout pourrait se développer encore mieux. Dans cette collaboration, il ne faut pas sous-estimer les communautés évangéliques, nombreuses et vivantes. L’ouverture de la Haute Ecole de théologie, à Saint-Légier en septembre dernier, marque une étape qui ne va pas sans difficultés nouvelles, mais il est impossible de faire comme si elle n’existait pas. Avec ses douze professeurs et ses huitante étudiants, la HET-Pro («protestante, professante, professionnalisante») devient un pôle incontournable, même si pour le moment les fronts semblent figés.

Signalons un guide riche et solide pour progresser dans la réflexion et l’action œcuméniques: Pour que plus rien ne nous sépare…, Trois voix pour l’unité (Cabédita, 2017), travail commun de trois personnalités, l’une catholique, l’abbé Claude Ducarroz, la deuxième réformée, le pasteur Shafique Keshavjee, la troisième orthodoxe, Noël Ruffieux. Dossier volumineux, mais sans jargon et même plaisant à lire, cet ouvrage traite de vingt-quatre thèmes. Après des déclarations d’amour de chaque auteur pour son Eglise, les thèmes sont traités par l’un d’eux, suivis des «échos» des deux autres. En simplifiant la table des matières, mentionnons les huit sujets principaux: Bible et tradition; la communion et l’autorité dans l’Eglise; ministères, épiscopat et papauté; l’Eucharistie; Marie et les saints; mariage, célibat et vie consacrée; l’économie et la politique; la mission et la culture. Les grandes parties du volume se terminent par des déclarations communes sous le titre «Ensemble»: constats des excès et des divisions, mais aussi affirmations de foi et observations admises par tous. Avec lucidité et engagement, les auteurs proposent des terrains d’entente sans ménager les critiques à chaque tradition confessionnelle. L’ouvrage se termine par des «ouvertures» qui partent de rêves et d’images, et par une «Epiclèse finale» où le mot «Ensemble» ponctue chaque alinéa.

Au moment de commencer une nouvelle année ecclésiastique, recommandons la lecture de cette riche réflexion œcuménique à tous ceux qui se préoccupent de l’avenir de nos Eglises.

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