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Guisan à Durban

Jean-Jacques Langendorf
La Nation n° 1892 2 juillet 2010
(Réd.) Cet article nous est parvenu avant la défaite de la Suisse contre le Chili, défaite concédée suite à une décision arbitrale que, pourtant peu porté au chauvinisme, nous qualifions d’inique. Les considérations stratégiques n’en restent pas moins exactes: mis en infériorité numérique, le «Réduit» suisse a tenu plus de quarante minutes…

A la veille du match Espagne-Suisse, tous les commentateurs sportifs, et moins sportifs, étaient d’accord pour considérer, face à l’extraordinaire qualité de l’équipe ibérique, les chances helvétiques comme inexistantes. Quelques rares optimistes pronostiquaient un match nul alors que les autres, se voulant réalistes, prévoyaient une lourde et inévitable défaite.

En 1939-1940, les commentateurs militaires, et moins militaires, estimaient que la Suisse n’avait aucune chance de repousser une offensive de la Wehrmacht. Celle-ci, grâce au binôme char-avion, n’avait-elle pas vaincu en un temps record l’armée polonaise, considérée comme puissante, puis l’armée française que les «experts» jugeaient être la première du monde?

Devant un tel déséquilibre des forces, le commandant en chef de l’armée helvétique, Henri Guisan, entouré d’officiers intelligents et efficaces (Barbey, Gonnard, German, etc.) opta pour la solution défensive qui, en utilisant un terrain difficile, devait permettre à l’armée helvétique de tenir, dans ce qui deviendra le «Réduit». En même temps, cette armée aura pour mission, selon les circonstances, d’organiser des contre-attaques destinées à inquiéter l’ennemi en possession d’une partie du territoire et à lui porter des coups sensibles.

La Suisse n’ayant pas été envahie, la validité de cette hypothèse stratégique n’a pu être vérifiée. En revanche, le match Espagne-Suisse nous a permis d’assister, au niveau du football, à sa confirmation. Des Suisses formant un véritable rideau défensif, un véritable Réduit, devant leurs buts, abandonnaient à l’adversaire une partie du terrain, le gardien lançant des contre-attaques limitées, une contre-attaque plus importante, au coeur même du dispositif des Espagnols, permettant de leur porter le coup fatidique.

Clausewitz, le grand penseur militaire prussien, ne se lassait pas de comparer la guerre à un duel. S’il avait connu le football, il l’aurait certainement intégré dans sa comparaison.

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