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Que faire de tous ces millions?

Cédric Cossy
La Nation n° 2004 31 octobre 2014

A fin septembre, M. Pascal Broulis s’est à nouveau livré à un exercice oratoire de haute voltige pour défendre le budget 2015 de l’Etat de Vaud. Avec une hausse «contenue» de ses dépenses à 2,8% contre une hausse des recettes à 3,6%, ce budget équilibré permettra de porter la part des investissements bruts à 453 millions (+ 16%) et de payer la dernière tranche de 65 millions nécessaire à la recapitalisation de la caisse de pension de l’Etat de Vaud. Et notre ministre des finances de conclure par un appel à être attentif à la progression des dépenses de l’Etat, en raison du ralentissement de la progression de l’impôt sur le revenu.

Nous sommes naturellement d’accord avec un contrôle plus strict des dépenses de l’Etat. Mais il faut craindre que la mise en garde du minorisé Broulis dans un gouvernement rose-vert ne soit qu’un vœu pieu. La hausse de 4,8% prévue dans le secteur santé/social et une mise en place de plusieurs mesures du plan de législature dans ce même secteur sont des sujets majeurs de préoccupation: comment comprendre l’évolution des dépenses sociales alors que la situation économique n’a probablement jamais été aussi bonne dans le Canton (pas d’inflation, taux de chômage très bas, croissance des revenus dont profite aussi le fisc vaudois…)? Les ingrédients structurels semblent hélas réunis pour une explosion des dépenses de l’Etat au premier revers de conjoncture.

Le message d’austérité toute relative émis par M. Broulis n’est en outre pas crédible à l’examen des pronostics de recettes. Le budget 2015 prévoit certes une hausse relative au budget 2014, mais une baisse par rapport aux rentrées réelles de 2013. En ignorant les augmentations de 2014 et 2015, M. Broulis nous refait, pour la quatrième fois consécutive, le coup des recettes sous-évaluées, cette fois pour un demi- milliard environ. Pour les deux derniers exercices, la recapitalisation de la caisse de pension et le remboursement de la dette ont permis d’absorber 2,2 milliards d’excédents, notamment par des écritures de bouclement hors budget. Pour 2014, nous nous réjouissons de voir quels artifices comptables seront appliqués pour éviter d’afficher un bénéfice. L’anticipation des 65 millions de recapitalisation prévus pour 2015 et le solde des 475 millions de dette devraient juste suffire…

Comment comprendre ce camouflage systématique de recettes? Si La Nation arrive à regarder les chiffres réels pour réclamer une baisse de la fiscalité, la gauche est tout aussi capable de le faire pour revendiquer le financement de nouvelles mesures sociales. Notre ministre prévoit-t-il des revers de fortune douloureux? Les estimations les plus pessimistes des réductions liées à la réforme de l’imposition des entreprises, voire à la suppression du forfait fiscal, ne suffiraient pas à faire basculer le Canton dans les déficits. Si M. Broulis s’attend à d’autres calamités fiscales pour 2015, il serait bien qu’il les expose aux Vaudois.

Terminons par une note positive concernant les investissements. Annoncé en juillet dernier, le renfort des effectifs de l’Etat pour le suivi des grands projets doit permettre de profiter des bonnes rentrées actuelles pour développer et renforcer les infrastructures cantonales. Rappelons que, au cours des trois derniers exercices, les investissements ont été inférieurs aux ambitions budgétaires. Espérons qu’il n’est pas trop tard pour utiliser les excédents des années grasses afin d’équiper le Canton pour son futur développement.

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