Lausanne, promenades littéraires
Les Vaudois des petites villes, des bourgs et des villages n’apprécient pas Lausanne. Ils ne s’y rendent que pour des raisons professionnelles ou pour d’autres obligations indispensables. Il faut bien dire que les édiles de la capitale ne favorisent pas l’accès en ville des voitures, et que les légendes sur les dealers omniprésents, les agressions nocturnes ou les dangers de la Riponne ont la vie dure. Même si, vue des quais de Morges par exemple, la ville de Lausanne n’a rien pour séduire, elle a néanmoins ses charmes, un certain nombre de beaux bâtiments, notamment de la première moitie du XXe siècle, ses coins tranquilles, ses parcs bien soignes, ses cafés légendaires. Il suffit de s’y promener et de lever la tête de son smartphone…
Une autre façon d’apprécier les aspects méconnus et sympathiques de la capitale consiste à se plonger dans un ouvrage récent, Lausanne, Promenades littéraires (Ed. Noir sur Blanc): vous parcourrez la ville sans sortir de votre fauteuil, en suivant les itinéraires prépares par Daniel Maggetti, Stéphane Petermann et leurs collaborateurs. Certaines de ces promenades montrent les lieux hantes par des écrivains: Cingria, Simenon, Anne Cuneo, Chessex, Vinet, Ramuz, Benjamin Constant; d’autres itinéraires sont thématiques: les hôtels, les cafés, la bande dessinée, les spectacles, les polars, les églises, l’humour, les jardins publics… Au haut de chaque page, dans un bandeau colore, les étapes sont indiquées, à la façon du guide touristique, précédées d’un plan schématique pour s’orienter. Puis l’espace principal est consacre aux textes littéraires eux-mêmes, introduits chaque fois par une brève explication qui donne le contexte et le rapport avec le lieu. Les styles, les inspirations, les contenus sont des plus varies, on s’en doute, mais les coins de Lausanne sont partout présents, avec leurs attraits mais aussi les remarques parfois corrosives qu’ils ont suscitées.
Le propos est, à quelques exceptions près, résolument contemporain. Les descriptions classiques de Lausanne, celles de Voltaire, Gibbon, Victor Hugo, Juste Olivier ou Martin du Gard, sont absentes ou n’apparaissent qu’allusivement. L’essai de Jean-Louis Kuffer, Impressions d’un lecteur à Lausanne (Campiche, 2007) ou les recueils plus anciens ne sont donc pas remplacés. Mais on soulignera ici la mise en page originale, les dessins frais et malicieux de Fanny Vaucher, le choix iconographique qui s’adapte parfaitement aux textes. Le nombre d’auteurs cités, notamment dans les chapitres thématiques, en tout pas loin d’une centaine, implique que chaque extrait est court, parfois trop court. Cela invite à lire les auteurs dont les passages ont séduit: sans doute est-ce là l’un des buts d’Isabelle Falconnier, initiatrice de l’ouvrage.
Ce recueil, fruit d’une collaboration entre le Centre de recherches sur les lettres romandes, la Ville de Lausanne et les Editions Noir sur Blanc, honore notre ville et la rend sympathique et humaine. Venez la visiter et, pourquoi pas, faites-le avec le volume en main!
Au sommaire de cette même édition de La Nation:
- L’avenir de l’Eglise réformée vaudoise – Editorial, Olivier Delacrétaz
- Juvenilia CXXX – Jean-Blaise Rochat
- Le grand basculement – Denis Ramelet
- Mme Juliette Rod – Daniel Laufer
- Le peuple change, la mission reste – Jacques Perrin
- Les dentistes enrégimentés? – Jean-François Cavin
- Il faut lire Jérôme Leroy – Félicien Monnier
- Levinas à Saint-François – Daniel Laufer
- Remplacer l’électoralisme partisan par des journées portes ouvertes durables – Le Coin du Ronchon