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Ballade pour Alexandre Perregaux

Yves Gerhard
La Nation n° 1946 27 juillet 2012

Frères vaudois, qui après nous vivez,

N’ayez les coeurs contre nous endurcis.

Avons construit au bord de la Cité

Un parlement, où nous sommes assis.

Nous étions fiers quand nous l’avons voté.

Il est tout beau, avec son toit pentu;

Nous voulions voir, prenant modèle au Louvre,

La pyramide abritant nos élus

Et de pans gris nous voulions qu’on le couvre.

Ce bâtiment se nomme Rosebud.

 

En deux cents ans, l’édifice rasé

Fut le décor des débats politiques.

A d’autres plans il avait résisté

Et fut classé monument historique.

L’eau croupissante où il a mariné

Et l’incendie qui ses murs a rompus

– Forfaits couverts par le secret d’Etat –

Ont ravagé ses décombres déchus.

Nous prenions garde qu’on ne le sauvât.

Ce bâtiment se nomme Rosebud.

 

Et maintenant, nous sommes dans ses murs.

Point de fourneau: c’est le toit qui tempère;

Près du Château et brochant sur l’azur,

Il abolit le témoin de nos Pères.

Sa nouveauté et ses traits sont bien durs;

Nous affirmons, par ce profil aigu,

Avoir chassé l’importun souvenir

Des temps anciens, du bâti révolu:

Nous annonçons un riant avenir.

Ce bâtiment se nomme Rosebud.

 

Peuple vaudois, tes maîtres ont voulu

Etre couverts du sinistre métal.

N’accepte pas ce palais incongru,

Car à la ville il porte un coup brutal.

Ce bâtiment se nomme Rosebud.

 

Yvillon Gerhard

 

P.S.: Signez le référendum! .

 

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