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Une escapade en Intyamon

Julien Le Fort
La Nation n° 2009 9 janvier 2015

C’était le mois de novembre, avec sa grisaille et ses chrysanthèmes. Mais le soleil n’était pas loin; il perçait presque dans le voilage de la plaine. Nous partions pour l’Intyamon, au-delà mais non loin du Pays de Vaud, aux Sciernes d’Albeuve. En passant Albeuve, nous étions toujours dans le brouillard, avec la conviction que nous y resterions. Soudain, tandis que la voiture se démenait pour atteindre les Sciernes, fiat lux ! Le panorama s’est ouvert sur les nombreux sommets à l’entour, baignés dans une lumière pétillante et adorés par des volutes de nuages.

On trouve aux Sciernes d’Albeuve un gîte très agréable nommé Pinte de Lys: une bâtisse cossue, pas très belle, mais très accueillante. Un endroit où il ferait bon s’établir quelques jours ou semaines: d’une part, la Pinte se prête à un séjour prolongé avec son petit salon de lecture et de jeux, d’autre part les destinations proposées par les écriteaux de randonnée font rêver. A vrai dire, si les Sciernes d’Albeuve s’étaient trouvées dans le Canton de Vaud (il s’en faut de si peu!), le soussigné aurait volontiers suggéré d’y organiser le camp de Valeyres…

La Pinte de Lys est tenue par une famille belge, des personnes qui ont sillonné le monde au gré de mutations professionnelles puis ont décidé de s’installer dans l’Intyamon. Ils y sont depuis cinq ans. Avec des Belges, on est toujours tenté de parler de politique. C’est qu’on se soucie de la Belgique comme d’un ami malade! Après quelques explications sur la situation politique apaisée en Belgique, la patronne met spontanément en garde: «J’entends ici des propos, dans la presse et dans la population, que j’entendais il y a quelques années en Belgique!» J’explique à cette personne la bonne doctrine selon laquelle l’éclatement naturel de la Suisse en cantons empêche l’affrontement de deux grands blocs linguistiques. Mais la patronne, qui s’intéresse aux institutions et s’investit dans la vie locale, insiste: pour avoir vu se déliter la situation politique en Belgique, elle affirme percevoir les mêmes signaux en Suisse. Elle ne perçoit pas de défiance des Fribourgeois d’Albeuve vis-à-vis des Vaudois voisins ni même d’autres Romands, mais bien plus à l’égard des Alémaniques. Il lui semble que les blocs linguistiques se durcissent en Suisse.

Nous savons trop bien combien cette perception est correcte. Mais le fait qu’une étrangère ressente cette même évolution dangereuse nous alerte plus encore. Pourtant, que faire? Face à cette situation, nous en sommes réduits à nous conformer à cette devise connue: fac et spera !

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