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Initiative inepte

Lionel Hort
La Nation n° 2289 3 octobre 2025

Nous voterons le 30 novembre prochain sur la proposition saugrenue de confondre service civil et militaire. L’initiative populaire «Pour une Suisse qui s’engage (initiative service citoyen)» entend modifier la Constitution de sorte que toute personne de nationalité suisse accomplisse un service au bénéfice de la collectivité et de l’environnement (alinéa 1), sous la forme du service militaire ou d’un autre service de milice équivalent reconnu par la loi (alinéa 2). L’initiative réserve en outre à la loi d’application la possibilité d’étendre l’obligation de servir à des étrangers (alinéa 5).

Le texte prévoit certes une garantie des effectifs réglementaires de l’armée et de la protection civile. Il n’explique pas comment il conciliera cette garantie avec la liberté de choix et l’équivalence entre les services qu’il imagine par ailleurs.

Pour justifier le rejet de cette initiative, nul besoin de recourir à l’actualité, il suffit de rappeler les principes: garant de l’existence matérielle et de la sécurité de la communauté politique, le service militaire est premier. La sécurité collective, permise en Suisse par notre armée de milice, est la condition de l’activité politique et de toutes les autres réalités sociales.

Le service civil, triste mélange de bénévolat et de travaux forcés, est une échappatoire confortable à l’obligation de servir, réalisé sur les dos des personnes formées. Il n’implique ni participation à des réalités communautaires trop facilement oubliées de nos jours (la vie en caserne et la hiérarchie), ni confrontation au maniement des armes (la réalité de la violence), ni sacrifice pour la communauté (de son temps, jusqu’à sa propre vie). Etendre sa portée en le rendant constitutionnellement «équivalent» au service militaire revient à relativiser ce dernier.

L’idée d’un «service citoyen» fourre-tout et mal défini, qui plus est imposé aux femmes, voire aux étrangers, est inepte. La Confédération n’est ni légitime ni compétente pour transformer la population entière en boy-scouts; seul le service militaire, de par sa nature fondamentale, fonde une obligation constitutionnelle. En réalité, il faut abolir le service civil et laisser au riche tissu associatif suisse, libre et volontaire, le soin de s’occuper du reste.

Rassurons-nous, le Conseil fédéral et les Chambres s’opposent, heureusement sans contre-projet, à l’initiative. Ces dernières viennent d’ailleurs de restreindre l’accès au service civil. Il s’agit là de bonnes nouvelles pour notre armée de milice, qui en a bien besoin. Pour son bien, donc celui de la Confédération et des cantons, nous voterons NON le 30 novembre prochain.

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