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Quand les progressistes visionnaires découvrent les vertus de la frilosité

Le Coin du Ronchon
La Nation n° 2084 24 novembre 2017

Le fameux secret de Polichinelle vient d’être re-re-re-révélé par une étude réalisée par la Haute école en sciences appliquées de Zurich: environ 70% des journalistes de la SSR se situent à gauche, voire à l’extrême-gauche – contre environ 62% dans les médias privés.

Certains individus malins, ou qui feignent de l’être, posent ingénument la question de savoir si cela a de l’importance et si ça influence vraiment la qualité du travail journalistique. Ne peut-on donc pas avoir des convictions politiques et faire honnêtement son travail ? Nous nous réjouissons déjà de leur poser cette même question la prochaine fois qu’ils s’effaroucheront du rachat d’un quotidien régional par la famille Blocher.

Il faut rendre hommage à ce maître d’histoire qui, enseignant au gymnase de Burier dans les années huitante, disait à ses élèves: «Vous devez être critiques envers tout ce que vous entendez, y compris envers ce que moi je vous dis; je suis de gauche et mes convictions influencent forcément mon point de vue.» Cela démontre qu’il est possible d’être de gauche et très honnête, mais cela souligne aussi que l’objectivité absolue n’existe pas. Le fait qu’une large majorité des journalistes soient de gauche est donc bel et bien problématique.

Pour la SSR, financée de force par tous les citoyens, cette étude alémanique tombe particulièrement mal, au moment où les esprits commencent à s’échauffer sur l’initiative populaire «No Billag». Celle-ci demande la suppression du secteur public audio-visuel en Suisse, essentiellement parce que celui-ci est excessivement cher, mais aussi parce que ses émissions apparaissent comme des vecteurs de manipulation de l’opinion. Le remède proposé est sans doute excessif, car, pour peu qu’on récuse l’individualisme ultra-libéral, l’existence de médias publics n’est pas condamnable dans son principe; on pourrait – on devrait! – imaginer des chaînes publiques à un coût raisonnable, de bonne qualité et politiquement neutres.

Pourtant, cette initiative séduit de plus en plus, non par la force de persuasion de ses partisans (pas toujours très finauds), mais par la maladresse encore plus considérable de ses opposants. De la même manière que les thuriféraires de la libre-circulation des personnes, à force d’être restés hautainement sourds à la grogne populaire, avaient réussi à faire passer l’initiative contre l’immigration de masse en 2014, la très chatouilleuse caste journalistique, qui nous promet les flammes de l’enfer si nous ne lui payons pas ses 1,2 milliard de francs par année, risque bien de pousser le vulgum pecus (et quelques autres) à glisser un «OUI» furieux dans l’urne.

A moins bien sûr… que les Suisses ne refusent «No Billag» par crainte des changements trop profonds que pourrait entraîner la disparition de la SSR. Il est assez cocasse d’imaginer que les journalistes qui aiment tant vilipender la frilosité des Suisses pourraient être sauvés in extremis par la résistance au changement.

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